Accueil

Comment les entreprises peuvent-elles soutenir leurs salariés aidants ?

5 min - 09/03/2023

Près d’1 Français sur 5 assume aujourd’hui le rôle d’aidant. Demain, 25 % de la population pourrait être concernée, dont une majorité d’actifs. Le rôle d’aidant entraîne des répercussions sur la vie professionnelle et la santé, et donc sur le fonctionnement de l’entreprise. Quel rôle celle-ci peut-elle jouer pour soutenir ses salariés ? Quels leviers peut-elle mettre en place pour agir durablement en faveur des aidants ?

Le contexte des aidants en France

L’expression « aidants familiaux » définit des femmes et des hommes aux profils variés qui donnent régulièrement de leur temps pour un proche malade, âgé, en perte d’autonomie ou en situation de handicap.  

  

De 8 à 11 millions d’aidants familiaux 

En France, entre 8 et 11 millions de personnes prennent soin d’un proche. Ce chiffre, ou plutôt cette fourchette, du Ministère de la Santé et des Solidarité, s’explique par la difficulté à quantifier un rôle d’aidant qui n’est pas toujours revendiqué. Cela implique par conséquent :  

  • Celles et ceux qui rendent visite à un parent en perte d’autonomie tous les soirs pour le coucher ou prendre de ses nouvelles.  
  • D’autres qui se savent aidants car cette place entraîne des conséquences importantes sur leur vie quotidienne et nécessite un temps qui se calcule en heures quotidiennes et hebdomadaires.  

L’importance des aidants devient en outre de plus en plus grande à mesure que le secteur de l’aide à la personne a du mal à recruter, principalement en raison de rémunérations trop faibles et de contraintes horaires et physiques difficiles. Un autre facteur va aussi accélérer le besoin : l’augmentation de l’espérance de vie.  
 
  

Des enjeux sur la santé physique et mentale des salariés 

Les aidants assurent une contribution inestimable à la société en veillant sur leurs proches et sont eux-mêmes soumis à de nombreux défis et stress quotidiens : 

  • Le manque de temps libre qui empêche d’avoir une soupape pour respirer, alors que la vie suit son cours par ailleurs avec les enfants, le conjoint, et bien sûr, le travail 
  • La fatigue accumulée qui agit sur la santé dans sa globalité  
  • Le stress lié à toutes les conséquences précédentes 
  • Sans oublier une part d’angoisse personnelle liée au changement de comportement du proche aidé et de la relation entretenue avec lui, en amont et pendant cette phase de la vie. De nombreux adultes se retrouvent ainsi dans une position difficile sur le plan psychologique par exemple avec l’inversion des rôles quand ils doivent faire la toilette de leur parent. 
  • Arrivent ensuite les coûts financiers liés aux soins lorsque l’aide est destinée à un enfant, ou que le proche vit au domicile, avec l’éventualité d’aménager leur temps de travail et perdre ainsi une partie de leur carrière professionnelle.  

Quels sont les recours possibles pour les aidants ? 

Dans le Code du travail, il existe trois types de congés applicables aux salariés aidants : 

  • Le congé de proche aidant (CPA) de 3 mois renouvelable, en temps partiel ou fractionné, mais limité à 1 an sur toute la carrière professionnelle 
  • Le congé de présence parentale (CPP) pour prendre soin d’un enfant de moins de 20 ans gravement malade, en situation de handicap ou accidenté, limité à 14 mois sur 3 ans pour un même enfant  
  • Le congé de solidarité familiale (CSF) pour aider un proche en raison de la gravité de son état de santé (parent, frère ou sœur, personne partageant le domicile ou personne de confiance), à temps partiel ou fractionné.  

S’ajoute à cela le don de congés offert par les collègues, un dispositif officialisé en 2018 pour tous les proches aidants.  

Des dispositifs peu appliqués 

Or, comme le montre France Stratégie dans son étude RSE en 2022 sur l’engagement des entreprises pour leurs salariés aidants, ces dispositifs sont encore mal connus de part et d’autre. Ils sont donc rarement utilisés. Ainsi, aucun indicateur extra-financier dans les entreprises du CAC 40 n’existe sur le sujet et « seulement 6 mentionnent les salariés aidants dans leur reporting » et les cabinets de conseil ne citent pas le sujet dans les tendances RSE.  

Pour autant, cela ne signifie pas que les entreprises n’y sont pas attentives, mais elles agissent au cas par cas, comme le souligne cette enquête. Et le sujet commence tout juste à émerger. Par conséquent, peu d’entreprises savent aujourd’hui comment apporter un soutien concret aux aidants, sans empiéter sur leur vie privée. 

À l’inverse, les entreprises directement concernées comme les assurances, le secteur médical et l’aide à la personne sont beaucoup plus impliquées dans cette thématique. 

Quels sont les freins ? 

La méconnaissance des dispositifs provient de divers facteurs qui freinent la prise en compte des besoins des aidants : 

  • La peur de mélanger vie professionnelle et vie privée  
  • Les clichés parfois associés à l’aidance, un terme qui sous-entend « absentéisme » pour ses managers et ses collègues 

Or, comme le souligne l’enquête de France Stratégie, les entreprises sont dans leur rôle quand elles prennent en compte la situation de l’aidant.  

Quelles sont les solutions possibles en entreprise pour aider les aidants ? 

En amont, impliquer les différents acteurs 

La Direction est le premier vecteur d’une culture d’entreprise qui favorise la prise en compte des difficultés personnelles. Sans pour autant favoriser des salariés, elle doit se montrer ouverte pour trouver des solutions.  

Le manager et les plus proches encadrants sont aussi des acteurs essentiels. Mais c’est bien sûr la médecine du travail qui peut le plus facilement recueillir la parole et impulser une prise en charge auprès des ressources humaines. 

Le service d’assistance sociale joue un rôle prépondérant directement au sein de l’entreprise. Le salarié aidant peut se confier à ce professionnel externe et obtenir un véritable soutien sur le plan pratique et psychologique. 

Les différents axes pour accompagner les aidants  

En plus des congés cités plus haut et qui sont à la portée de toutes les entreprises, d’autres leviers sont possibles aujourd’hui : 

  • L’aménagement du temps de travail : proposer des horaires de travail flexibles pour permettre aux aidants de prendre soin de leurs proches tout en continuant à travailler. Cela peut inclure du temps partiel, ainsi que le télétravail. 
  • Des programmes de soutien : en tant qu’avantage social, des formations sur la question des aidants, mais aussi une prévention sur-mesure pour la santé mentale et physique ou encore un coaching spécifique sont des possibilités. 
  • Un accompagnement des collaborateurs : dans leurs démarches pour soutenir leurs proches, comme le service d’assistants sociaux de VerbaTeam. Ces experts dressent un bilan de la situation afin de proposer un éventail de solutions, un programme d’action, et enfin comment obtenir un financement. Il s’agit d’accompagner l’aidant dans ses démarches, et de le mettre en relation avec les prestataires, par exemple pour l’aider à trouver une place en établissement d’accueil de jour pour son proche.  
  • La création d’une communauté d’entraide entre les salariés concernés pour avancer dans les démarches et trouver une oreille attentive.  
  • La reconnaissance et la valorisation des compétences et savoir-être acquis par les aidants (organisation, adaptation, gestion du stress, empathie, etc…). 

Mais d’autres sujets doivent aussi être considérés, à commencer par la rémunération. Les effets du statut d’aidant sont délétères dans bien des cas, en particulier parce que, régulièrement, la personne aidée est logée au domicile de l’aidant, entraînant des frais importants. À cela s’ajoute une forte représentation des femmes parmi les aidants, dont le salaire est encore inférieur à celui des hommes.  


Les entreprises sont dans leur rôle lorsqu’elles apportent un soutien aux aidants, tout en maintenant le droit à la discrétion de leurs salariés. De cette manière, elles reconnaissent l’importance de leur contribution et fournissent de réels leviers pour concilier travail et responsabilités des aidants.


VerbaTeam vous accompagne dans la mise en place de solutions pour soutenir vos aidants. Contactez-nous dès aujourd’hui pour en savoir plus ! 

Plus d’articles

Addictions sur le lieu de travail : dépasser le cadre légal
5 min - 21/10/2024

Les addictions représentent un enjeu majeur en entreprise. Elles augmentent le risque routier, les troubles musculo-squelettiques, les risques psychosociaux, les accidents du travail, etc. On estime que 6 à 8% des salariés ont une addiction. Selon la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) “les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères.”

4 bonnes raisons de renforcer la solidarité en entreprise
5 min - 17/09/2024

Si la solidarité a toujours été un élément important dans l’entreprise, elle s’est révélée être un atout de plus en plus indispensable ces dernières années. Le contexte actuel marqué par de multiples crises accélère le besoin de faire preuve de plus de solidarité en entreprise. La solidarité permet de passer à l’action mais il s’agit également d’un facteur d’épanouissement et de bien-être où les organisations comme les salariés en ressortent gagnants. Dans cet article nous décryptons les enjeux qui font de la solidarité une pièce maîtresse de l’entreprise avec des pistes d’actions concrètes.

Suicide en lien avec le travail : comment prévenir et y faire face ?
5 min - 10/09/2024

Le France enregistre le taux de suicide le plus élevé en Europe. Si ce chiffre se stabilise depuis 20 ans, qu’en est-il des suicides en lien potentiel avec le travail ? Ce phénomène reste mal connu et est certainement sous-évalué. Mieux connaître la conduite suicidaire, détecter les situations ou comportements à risque et les prendre en charge peut permettre d’éviter que la détresse de certains salariés ne se transforme en un passage à l’acte. Cet article a pour but d’aider les entreprises à mieux comprendre ce phénomène et les leviers dont elles disposent pour agir.