Le télétravail : un mode d’organisation démocratisé
Rappelez-vous, avant 2020, le télétravail était une pratique rare, pour ne pas dire marginale : seulement 4 % des salariés du tertiaire travaillaient à distance au moins une fois par semaine selon la DARES.
Après la pandémie, qui a enclenché le télétravail à marche forcée et une hausse spectaculaire de cette pratique, ce sont aujourd’hui 46 % des employeurs qui l’autorisent selon Bpifrance. À tel point que cela a entraîné une nouvelle manière de travailler au sein des entreprises avec des modèles hybrides qui se développent, autrement dit avec des salariés sur site et d’autres en télétravail.
Mais derrière cette nouvelle flexibilité se cachent certains maux qui touchent directement à la santé des collaborateurs.
Quels sont les risques physiques liés au télétravail ?
À première vue, le travail à distance, qui se déroule le plus souvent à domicile, peut sembler confortable. Les salariés l’ont bien compris : une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle, une plus grande autonomie, l’absence de transport en commun, une forme de nouvelle liberté au travail, font partie des plus grands avantages de ce mode d’organisation.
Mais, la médaille a son revers. Avec le travail à distance est aussi arrivé un lot de difficultés, plus ou moins prononcées selon les conditions d’exercice de chaque personne. En effet, le travail à domicile peut être effectué dans de mauvaises conditions car l’espace consacré ne répond pas à certaines exigences ergonomiques. Ainsi, sur le plan physique, des problèmes de vue, des douleurs au dos, sans oublier les divers troubles musculo-squelettiques (TMS) font partie des problématiques qui guettent certains télétravailleurs. Les causes sont d’ailleurs bien identifiées :
- Une posture inadéquate : une installation peu ergonomique pour travailler plusieurs heures (table de cuisine ou de salle à manger, voire dans un canapé) est le meilleur moyen pour adopter une mauvaise posture ainsi que l’utilisation quotidienne d’un ordinateur portable. Ces pratiques entraînent des douleurs cervicales, dorsales, des tensions au niveau des épaules qui peuvent devenir chroniques, etc.
- La sédentarité : le travail à domicile consiste bien souvent à passer des heures devant son ordinateur. Or, le manque de pas et d’exercice physique est délétère. Selon les Echos, la sédentarité est ainsi devenue le mal du siècle. Et ses conséquences sont graves : mauvaise circulation sanguine, maladies cardiovasculaires, fonte des muscles, douleurs …La sédentarité augmente de presque 50 % la mortalité globale, quelle que soit la maladie à l’origine de cette mortalité. Ce chiffre est de 90 % pour la mortalité cardio-vasculaire selon AXA Prévention.
- Un éclairage inadapté : un mauvais éclairage peut entraîner une hausse de la lumière bleue provenant des écrans. Ce contraste est à l’origine d’une fatigue oculaire, de maux de tête et d’une détérioration plus rapide de la vision.
Comment éviter les risques physiques liés au télétravail ?
Il est important de rappeler aux collaborateurs que le télétravail peut comporter certains risques et que ces derniers peuvent être évités en adoptant les bons réflexes :
- Ajuster sa posture : recommandez-leur de vérifier que leur chaise et leur bureau sont à la bonne hauteur et que leur écran est à la bonne distance : soit 10 à 15° de l’écran pour un confort optimal. Cela peut nécessiter de surélever l’écran ou même l’ordinateur portable et de placer un clavier supplémentaire à hauteur des mains.
- Prendre des pauses régulières : pour éviter de rester assis en permanence, faire une pause toutes les heures. Ils peuvent accompagner cela de quelques étirements, de pas ou d’exercices pour améliorer la circulation sanguine. Par ailleurs, certaines tâches en télétravail peuvent se faire debout : une visioconférence, un appel. S’ils ont un bureau assis-debout, c’est encore plus simple, ils peuvent continuer à travailler normalement. Par ailleurs, pendant la pause du milieu de journée, il est important de marcher un petit quart d’heure au moins.
- Améliorer son éclairage : conseillez-leur d’étudier l’espace disponible et d’essayer de placer leur bureau près d’une fenêtre pour maximiser la lumière naturelle. Pour l’hiver, il existe des lampes d’appoint à lumière de jour qui rendent le manque de luminosité moins difficile pour les yeux.
- Pratiquer une activité physique : hélas, une heure d’exercice le week-end ne réduit pas les risques de la sédentarité. Le mieux est surtout de bouger un peu tous les jours ! Non seulement c’est bon pour le corps, mais aussi pour se vider la tête.
À savoir : vous pouvez allouer un budget à vos salariés pour qu’ils puissent s’équiper afin de travailler dans les meilleures conditions matérielles à la maison (chaise, bureau, grand écran sur pied). L’autre option consiste à leur octroyer un forfait de co-working.
Les risques psychiques liés au télétravail
La santé est un tout ! Et les risques du télétravail concernent aussi la santé mentale. Les causes sont multiples :
- L’isolement social : le télétravail est le plus souvent solitaire. Si dans les grandes villes, les espaces de co-working recréent une ambiance conviviale, beaucoup de personnes se retrouvent seules face à leur ordinateur la majorité du temps. Cette solitude peut générer une perte de motivation et de productivité chez les salariés sensibles à l’émulation de groupe.
- Les difficultés à établir une limite et un équilibre entre le travail et la vie personnelle : le télétravail ne connaît parfois pas de frontière claire, ce qui est souvent à l’origine d’une fatigue mentale et émotionnelle.
- Une pression accrue : chez certaines personnes, la distance avec le bureau peut entraîner une pression supplémentaire par peur de mal faire, ou d’être considéré comme une personne oisive. Ce qui génère une tendance à vouloir être toujours disponible et ultra-productif.
Comment réduire les risques psychiques des collaborateurs en télétravail ?
Pour les entreprises, la gestion du télétravail n’est pas seulement matérielle, elle s’appuie aussi sur une nouvelle pratique managériale. Pour réduire les risques sur la santé mentale, il est d’abord essentiel de former les managers à la gestion d’équipes à distance afin de maintenir le lien et la cohésion d’équipes
Certaines entreprises ont par exemple fait le choix de créer un siège numérique, autrement dit de regrouper tous les échanges au sein d’un même outil. Dans le même état d’esprit, d’autres documentent tout par écrit pour garder une trace. Ce maintien de la communication et de la notion de groupe, peu importe où se trouvent les gens et dans quel fuseau horaire, est indispensable à une meilleure gestion personnelle du travail, du lien avec ses collègues et, in fine, des émotions.
À cela s’ajoutent deux impératifs :
- L’obligation de réaliser chaque année un entretien dédié au télétravail. L’élaboration d’un « entretien de suivi de charge » est inscrit dans l’article L. 1222-10 du Code du travail. Il permet d’évaluer les conditions d’exercice du travail à distance et de la charge de travail qui s’y rapporte.
- La mise en place de limites claires sur les heures de disponibilité des salariés, conformément au contrat de travail. Par ailleurs, l’entreprise peut communiquer régulièrement sur l’importance du droit à la déconnexion.
Le télétravail est une solution flexible demandée par de nombreux salariés, mais qui doit toujours être un choix de leur part. Son suivi est par ailleurs indispensable pour réévaluer périodiquement sa pertinence et ses effets sur la santé de chaque collaborateur.
Pour faire le point sur l’impact du télétravail sur la santé de vos salariés, le bilan de santé personnalisé VerbaTeam est un bon moyen d’évaluation. Contactez-nous pour être accompagné par l’un de nos experts.