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Prévention santé : pourquoi les entreprises vont-elles devoir passer à la vitesse supérieure en 2023 ?

5 min - 02/03/2023

La santé physique et mentale des collaborateurs s’est détériorée au cours de la pandémie de la COVID-19 et ses conséquences se font encore sentir aujourd'hui. La hausse des arrêts de travail et des risques psychosociaux en sont la preuve. Cette dégradation de la santé des équipes accentue les difficultés d’engagement, de fidélisation et in fine de recrutement. Si la santé des salariés a toujours été une préoccupation pour les entreprises, elle devient prioritaire pour répondre aux défis à venir.

Santé des salariés et entreprise : quels sont les changements observés ?

 

Des salariés avec de nouvelles priorités de vie…

La crise de la COVID-19 a bousculé le monde du travail et a changé les priorités des salariés. Désormais, ces derniers recherchent un meilleur équilibre de vie, plus de flexibilité notamment grâce au télétravail mais aussi plus de sens dans leur vie professionnelle. Les salariés attendent un environnement de travail qui favorise la qualité de vie, le bien-être et la prise en compte de leur vie personnelle.

 

…mais aussi de nouveaux risques de santé

Du côté de la santé, il existe une véritable fragilité post-COVID. En effet, la crise a accru certains risques liés à la dégradation de la santé mentale, à la sédentarité, aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers et aux addictions.

Le baromètre sur l’absentéisme d’AXA, publié en juin 2022, montre que les dépressions et les burn out représentent les risques psychologiques et psychiatriques les plus élevés et touchent plus particulièrement la population des 30-50 ans (36 %). 63 % des RH estiment la santé mentale comme un sujet prioritaire dans leur entreprise (étude quantitative menée par AXA auprès de décideurs RH en mai-juin 2021).

La crise de la COVID-19 a accéléré la sédentarité des salariés. Les confinements à répétition, la fermeture des salles de sport, la généralisation du télétravail ont accentué un mode de vie déjà trop sédentaire. Depuis la fin des restrictions, cette sédentarité perdure notamment avec la banalisation du télétravail plusieurs fois par semaine. Selon l’Anses, 95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis. Aujourd’hui, seuls 5% des adultes ont une activité physique suffisante pour être protectrice. En France, plus d’un tiers des adultes cumulent un niveau de sédentarité élevé et une activité physique insuffisante.

 

Emploi des seniors et accompagnement des aidants et maladies graves : les sujets majeurs à venir

De nouveaux enjeux sont également à prendre en compte : le maintien dans l’emploi des seniors, les aidants et les maladies graves.

Si jusque dans les années 90, le départ à la retraite des seniors par anticipation était favorisé pour laisser la place aux jeunes actifs, la tendance s’est inversée ces dernières années. Face au coût de financement des retraites et à l’allongement de la durée de la vie, les seniors vont devoir rester plus longtemps dans l’entreprise. Aujourd’hui, 56,1 % des 55-64 ans sont en emploi en France selon la DARES. Ce chiffre enregistre une hausse continue depuis 20 ans. Or, l’absentéisme touche plus fortement la population des seniors. Leur maintien dans l’emploi en bonne santé est donc un sujet central dans les années qui viennent.

Concernant les aidants, on estime qu’entre 8 et 11 millions de personnes soutiennent quotidiennement une personne en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Les aidants peuvent souffrir à leur tour d’épuisement et ont du mal à concilier leur vie personnelle avec leur vie professionnelle. Les entreprises doivent prendre en compte ce phénomène qui va s’accentuer dans les années à venir notamment en aménageant les temps de travail.

Enfin, l’évolution des modes de vie entraîne de plus en plus de maladies graves chez les personnes en âge de travailler. Ces affections longue durée sont un facteur croissant à prendre en compte dans la santé des salariés. 25 % de la population active serait touchée par une maladie chronique d’ici 2030 (Les maladies chroniques, avis du conseil économique, social et environnemental présenté par Michel Chassang et Anne Gautier, juin 2019).

 

Prévention santé : un levier d’attractivité pour les entreprises ?

Les entreprises évoluent sur le sujet de la prévention santé car elles ont conscience de la montée des risques humains mais aussi de la demande croissante des salariés et des candidats d’une meilleure qualité de vie en entreprise.

 

Un levier de marque employeur

Actuellement, les tensions sur le marché de l’emploi sont importantes. Les entreprises ont du mal à recruter et les pénuries de main d’œuvre touchent de nombreux secteurs. Selon l’enquête annuelle de la Banque de France, 58 % des chefs d’entreprise sont confrontés à des difficultés de recrutement. Pôle Emploi a identifié 23 métiers particulièrement en tension avec parmi eux les métiers de la métallurgie, de la construction, des transports, de l’éducation et le secteur sanitaire. Désormais, ces secteurs pénuriques doivent rechercher des leviers d’attractivité pour pouvoir recruter. Travailler sa marque employeur devient un véritable enjeu pour attirer des candidatures. Favoriser le bien-être des salariés, mettre des actions en place pour prévenir les risques et s’engager clairement pour une meilleure qualité de vie au travail sont des arguments de poids pour fidéliser les employés et permettent de sortir du lot lors des entretiens de recrutement.

Une attente forte des salariés

Depuis la crise de la COVID-19, les salariés attendent de plus en plus que les entreprises prennent soin de leur bien-être et de leur santé physique comme mentale. C’est ce que montre une étude de JLL immobilier reprise par Pôle emploi : ”46 % des salariés souhaitent que leur entreprise veille à leur santé physique et mentale.” Les entreprises doivent aller bien au-delà de l’installation d’un baby-foot et prendre le sujet à bras-le-corps ! Les entreprises qui auront du succès seront celles qui sauront prendre soin du bien-être de leurs salariés.

L’entreprise : un territoire de prévention santé légitime

Les pouvoirs publics sont plus que jamais favorables à la mise en place de politique santé dans chaque entreprise. La loi santé du 31 mars 2022 renforce le périmètre d’action des services de santé au travail :

• Renforcer la prévention et la santé du collaborateur au sein de l’entreprise

• Lutter contre la désinsertion professionnelle des collaborateurs

• Prévenir les risques santé qui peuvent apparaître au sein d’une organisation

• Améliorer le suivi médical des salariés en renforçant le rôle de la médecine au travail

Un autre dispositif témoigne de la volonté d’impliquer de plus en plus les entreprises dans la prévention santé. En passant de la QVT à la QVCT, les pouvoirs publics souhaitent également favoriser un travail de fond pour améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des salariés en agissant sur l’ensemble des facettes de l’entreprise (organisation, fonctionnement, cadrage, etc.).

 

Quelles sont les solutions efficaces ?

Choisir le bon dispositif de prévention

Plusieurs types de dispositifs existent avec des coûts et des modalités différents en fonction des publics ciblés. Au-delà des traditionnels « check-up » destinés aux cadres dirigeants, des actions de prévention ciblées et accessibles ont vu le jour afin de démocratiser les bilans de santé dans les entreprises. À vous de choisir la bonne formule en fonction de vos besoins.

S’appuyer sur des données fiables pour prendre les bonnes décisions pour la santé de ses salariés

Désormais des dispositifs permettent de récupérer des données anonymisées issues de baromètres qui permettent de mieux comprendre le contexte. Les entreprises peuvent donc s’appuyer sur des chiffres précis pour analyser les facteurs de risque présents dans leur organisation. Ces données permettent aux entreprises de piloter plus efficacement leur programme de prévention santé. Elles peuvent ainsi mieux prioriser leurs actions, doser leurs efforts et obtenir des résultats plus performants.

Ces indicateurs doivent être suivis dans le temps pour mesurer l’impact des programmes de prévention sur le long terme. Il existe deux catégories d’indicateurs :

● Ceux qui prennent en compte le risque déjà avéré dans l’entreprise (les accidents du travail, le taux d’absentéisme…) ;

● Ceux qui essaient en amont de prendre le pouls de l’entreprise, faire un état des lieux du bien-être des salariés et d’anticiper les risques possibles.

Bien communiquer : la clé de la réussite !

Certaines entreprises peuvent disposer de programmes de prévention santé ambitieux sans que personne ne le sache ! Afin de ne pas être confronté à ce type de situation, voici les prérequis indispensables pour réussir le déploiement de vos actions en interne :

  1. Tout d’abord, la direction doit parrainer le programme et le porter en interne. Le management doit être totalement engagé dans cette démarche avec une stratégie dédiée pour faire adhérer les équipes à ce service qui leur est proposé.
  2. Bien communiquer sur ces sujets est essentiel. Souvent, l’entreprise a tendance à être trop discrète ou au contraire à noyer les salariés sous trop de messages qui finissent par brouiller l’information. Réfléchissez en amont aux grands objectifs de votre programme de prévention et donnez de la cohérence et un sens général à votre démarche. Ensuite, identifiez bien les publics pour chaque action proposée. Élaborez des messages sur-mesure afin que chacun se reconnaisse et perçoive les bénéfices en lien avec sa situation. Prenez bien en compte les problématiques de chaque public. Les femmes ont une perception de la santé qui leur est propre par exemple. Si elles ont tendance à plus s’occuper de la santé de leurs proches, elles sont plus enclines à négliger la leur. En matière de soins, 35 % des femmes ont l’impression de subir des clichés ou stéréotypes liés à leur sexe comme le révèle une étude menée par AXA Prévention en 2020. Cette démarche demande une réflexion profonde et une communication tout en finesse notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer des sujets cachés. Par exemple, les aidants est une population qui ne se reconnaît pas sous cette appellation. Il faut donc trouver d’autres astuces pour les cibler. D’autres sujets sont cachés ou tabous mais pour autant présents dans les entreprises. C’est le cas pour les troubles psychologiques ou encore les situations nécessitant un recours à une assistante sociale. Là encore, la communication doit être adaptée afin que ces publics se saisissent de l’aide proposée en toute confiance et en toute confidentialité.

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