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IA-anxiété : un phénomène qui gagne les salariés

5 min - 14/05/2024

L’intelligence artificielle peut entraîner une forte inquiétude auprès des collaborateurs qui craignent de perdre leur emploi avec l'arrivée des nouvelles technologies. On parle désormais d’IA-anxiété pour caractériser ce phénomène qui peut altérer la santé mentale des salariés et les désengager de leur travail. Comment faire face à ce phénomène et quelles sont les solutions pour y remédier ? Nos réponses dans cet article !

Entre craintes et fantasmes : quelles sont les conséquences de l’IA sur l’emploi ?

Des pronostics contradictoires

Selon les prévisions du cabinet Goldman Sachs publiées en mars 2023, 300 millions d’emplois seraient menacés en Europe et aux États-Unis par l’IA générative. D’autres études affirment au contraire que l’IA va créer plus d’emplois qu’elle ne va en détruire. Face à des chiffres contradictoires, il est difficile de se faire un avis objectif. Cette incertitude face au bouleversement que l’IA représente dans le monde du travail et dans nos vies de façon générale ne fait qu’augmenter les craintes et l’anxiété des salariés pour leur avenir professionnel. S’il est difficile de prévoir les conséquences réelles de l’IA sur les emplois, celle-ci va très probablement modifier le monde du travail en profondeur. L’intelligence artificielle pose d’ores et déjà plusieurs problématiques qui sont celles des compétences des collaborateurs et de l’organisation du travail notamment.

Des salariés souvent inquiets face à l’IA

Des métiers plus exposés face à l’IA

Les personnes effectuant des tâches à moindre valeur ajoutée se sentent plus menacées que les autres. En effet, l’IA est souvent utilisée pour automatiser des tâches simples ou rationaliser les processus de travail. La sophistication et la rapidité de développement de certains outils comme ChatGPT ou Midjourney bouleversent les métiers de la communication, du marketing ou de la création. Si aujourd’hui la contribution des collaborateurs est encore nécessaire pour superviser certains outils, les salariés craignent qu’en participant à leur amélioration, ils contribuent à leur perte d’emploi.

Les salariés français parmi les plus craintifs en Europe

Une étude menée par le Boston Consulting Group réalisée dans 18 pays parmi lesquels la France montre que 36% des salariés dans le monde redoutent que leur métier soit remplacé par l’intelligence artificielle dans les dix années à venir. Ce chiffre atteint les 42% en France, ce qui classe ce pays en deuxième position parmi les plus craintifs sur ce sujet. Cette crainte peut entraîner du stress et de l’anxiété chez les collaborateurs. Elle peut également être la cause d’un désengagement vis-à-vis de leur travail.

Formation et régulation : deux attentes fortes des salariés

Pour éviter de perdre leur emploi, les collaborateurs demandent dans leur grande majorité à être formés sur cette nouvelle technologie. L’étude de BCG révèle que 86% des salariés demandent une formation pour améliorer leurs compétences dans ce domaine. Seulement 14% d’entre eux déclarent avoir reçu un accompagnement. Les salariés attendent également plus de régulation de la part des autorités. Près de 8 répondants sur 10 (79%) considèrent qu’une réglementation spécifique est nécessaire (83% en France).

4 étapes indispensables pour transformer l’anxiété des salariés sur l’IA en une source d’engagement

1 - Désamorcer les craintes et rassurer

Tout d’abord, il convient de rassurer les collaborateurs sur l’impact réel de l’IA. S’il est vrai que l’IA favorise l’émergence de métiers à plus haute valeur ajoutée comme celui de data scientists et que les tâches manuelles risquent d’être automatisées, toutes les tâches effectuées par les collaborateurs ne sont pas automatisables. Il n’existe pas à ce jour d’IA généraliste susceptible de traiter toutes les tâches relatives à un métier. Il convient de rassurer les collaborateurs sur ce point notamment par des communications régulières.

2 - Faire preuve de transparence et d’éthique

Les dirigeants des entreprises doivent faire preuve de transparence dans leur utilisation de l’IA et également s’engager dans une utilisation éthique de ces outils. Cette démarche peut se concrétiser par la formalisation d’une charte précisant les engagements et des règles pour encadrer l’utilisation de l’IA dans l’entreprise. Une communication régulière sur l’utilisation de ces outils et leur développement au sein de l’entreprise est également indispensable pour mieux faire accepter ces outils et lever les craintes. Selon l’étude d’EY sur l’anxiété des salariés face à l’IA, 77% des employés ont déclaré que si leur direction encourage une utilisation responsable et éthique de l’IA, ils seraient plus à l’aise à utiliser cette technologie au travail.

3 - Former les collaborateurs à l’IA

Accompagner la montée en compétences

Rassurer les salariés passe par des dispositifs de formation, afin de les aider à maîtriser ces nouvelles technologies. Il est indispensable d’intégrer l’IA dans une culture globale de l’apprentissage. Former l’ensemble des collaborateurs aux outils de l’IA générative devient indispensable pour pérenniser la performance des entreprises, donner aux collaborateurs les compétences nécessaires et les aider à effectuer cette transition incontournable avec une approche positive. Ces formations à l’utilisation d’outils utilisant l’IA doivent être accompagnées d’un plan de formation plus large qui anticipe au maximum les compétences dont les entreprises auront besoin demain. Cette anticipation en amont des compétences requises est indispensable pour maintenir l’employabilité des salariés.

Lever les appréhensions

Enfin, savoir maîtriser les outils de l’IA permet d’enlever les appréhensions et d’avoir moins peur de perdre son travail. Les entreprises peuvent former leurs collaborateurs sur ChatGPT ou Midjourney via des webinaires ou des ateliers. Elles peuvent ensuite intégrer ces nouveaux outils dans le quotidien de travail sans changer l’organisation.

Toujours selon l’étude de Boston Consulting Group, 71% des personnes interrogées et qui ont été formées à l’utilisation de ces outils affirment que les bénéfices l’emportent sur les risques. Le gain de temps et de productivité, la baisse du nombre d’erreurs sont parmi les bénéfices cités.

IA et générations : ne pas tomber dans les clichés

Il convient en effet d’engager tous les collaborateurs dans cette nouvelle aventure et pas uniquement les plus jeunes générations ou ceux aux profils plus techniques. En effet, l’IA concerne l’ensemble de l’organisation et personne ne doit être mis de côté. Les entreprises doivent dépasser les clichés à ce sujet car ce sont les générations les plus jeunes qui montrent plus de défiance vis-à-vis de l’IA. L’enquête d’EY montre que la génération Z, première génération à entrer sur le marché du travail née avec les outils digitaux, est celle qui accueille l’IA avec beaucoup de scepticisme.

4 - Impliquer les salariés

Enfin, associer les salariés à la conception et au déploiement de projets impliquant l’IA est un bon moyen de les faire adhérer à cette nouvelle technologie. Mettre en place des groupes de travail au démarrage de projet composés de différents profils de salariés permet de diffuser une culture de l’IA dans l’entreprise.

L’arrivée de l’IA représente un changement qui requiert un accompagnement spécifique dans les entreprises. Cet accompagnement concerne à la fois les compétences des salariés, l’organisation du travail mais aussi la mesure des impacts potentiels sur les facteurs de risques psycho-sociaux. Il est important d’anticiper l’ensemble des impacts de cette nouvelle technologie sur les organisations afin de bénéficier pleinement de ses avantages.

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