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Hausse de l’absentéisme chez les salariés de moins de 30 ans : quelles en sont les raisons ?

5 min - 26/10/2023

D’après la 4ème édition de l’Observatoire de l’absentéisme, Datascope d’AXA, l’année 2022 est marquée par un nouveau record concernant l’absentéisme avec un taux de 4,5% et 44% de salariés qui se sont absentés au moins un jour. Un autre fait notable est que cette hausse touche désormais des catégories qui étaient moins concernées par les arrêts de travail jusqu’à présent comme les jeunes. L’étude d’AXA montre en effet une hausse de plus de 50% du taux d’absentéisme chez les salariés de moins de 30 ans entre 2019 et 2022. Cette augmentation inhabituelle est l’occasion de faire un point sur la santé des jeunes.

Une hausse de l’absentéisme plus élevée chez les jeunes

Comment peut-on expliquer cette hausse de l’absentéisme chez les plus jeunes ? Si la réouverture des lieux de convivialité a certainement favorisé la circulation du virus de la COVID-19 parmi cette tranche d’âge, cette cause cache certainement des raisons plus profondes.

La santé mentale des moins de 30 ans se dégrade

Le Datascope nous éclaire sur d’autres facteurs. Les troubles psychologiques s’installent durablement comme la première cause d’arrêts de travail de longue durée. En effet, 22,2% des arrêts de travail de longue durée survenus en 2022 sont causés par des troubles psychologiques. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il touche de plus en plus de jeunes salariés, plus vulnérables depuis la crise sanitaire.

Une crise sanitaire vécue dans de moins bonnes conditions

En effet, les jeunes travailleurs ont eu tendance à moins bien vivre les restrictions liées à l’épidémie de la COVID-19. Confinés à répétition dans des logements souvent petits, ils ont plus souffert d’isolement que leurs aînés. Cette période a laissé des traces au sein de cette population. La vague 36 de COVIPREV réalisée fin 2022 confirme les difficultés rencontrées par les jeunes sur le plan psychologique. D’après ces résultats, les personnes de 18-24 ans font partie des profils ayant une santé mentale particulièrement dégradée selon les 4 indicateurs suivants : états anxieux, états dépressifs, problèmes de sommeil, pensées suicidaires. Quant à la tranche d’âge des 25-34 ans, elle souffre plus particulièrement d’états anxieux et dépressifs.

Un contexte complexe facteur d’anxiété

 

Par ailleurs, d’autres problématiques ont vu le jour comme le retour de la guerre en Europe et l’accélération du dérèglement climatique. 65% des 18-35 ans considèrent d’ailleurs le changement climatique comme une urgence mondialeConcrètement, selon une enquête réalisée par Ipsos avec le Collège de France, il s’agit de la préoccupation sociétale la plus citée parmi les 18-35 ans (44%), devant le pouvoir d’achat (41% ; 47% néanmoins chez les jeunes qui ont un niveau d’études inférieur au bac et le placent en premier). Face aux défis qu’elle représente, les jeunes salariés peuvent souffrir d’éco-anxiété, c’est le cas pour 45% d’entre eux. Si l’inquiétude face aux conséquences et aux enjeux du dérèglement climatique est normale, elle peut aussi évoluer vers des symptômes dépressifs et altérer la santé mentale des personnes qui en souffrent.

Un terreau favorable aux addictions

Les difficultés citées précédemment peuvent déboucher sur des addictions. L’anxiété, l’absence de perspective, l’isolement, la sédentarité peuvent trouver une échappatoire dans des addictions multiples comme des substances ou les écrans. Selon la MIDELCA, les 18-35 ans sont la tranche d’âge la plus concernée par la consommation d’alcool et de cannabis. Selon un communiqué d’AXA Prévention sur la dépendance aux écrans, les addictologues prenant en charge ces troubles reçoivent essentiellement des personnes de 15 à 35 ans. Ils s’accordent à dire que cette addiction est particulièrement grave chez les plus de 20 ans.

Le télétravail : un facteur de troubles musculo-squelettiques et d’isolement

Si nous avons évoqué plus haut l’isolement que le télétravail peut entraîner, l’Observatoire de l’absentéisme indique également que les troubles musculo-squelettiques sont repartis à la hausse en 2022. Ce phénomène est très probablement lié à la reprise d’activité, mais aussi à la poursuite du télétravail qui entraîne parfois un comportement sédentaire ou de mauvaises postures en fonction des équipements utilisés par le salarié à son domicile. Même si le Datascope n’indique pas de hausse particulière chez les jeunes, nous pouvons penser qu’ils sont concernés par les TMS dans le cadre du télétravail à cause des conditions de logement moins favorables et de salaires plus bas pour s’équiper correctement.

Une hausse du coût de la vie qui impacte la qualité de vie

La hausse du coût de la vie, due au retour de l’inflation, peut également avoir des répercussions plus importantes auprès des jeunes qui démarrent dans la vie active avec des salaires plus bas que leurs aînés. Comme nous l’avons vu précédemment, le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation majeure chez les jeunes avec un niveau d’études inférieur au baccalauréat. Ces difficultés économiques peuvent ainsi les contraindre à moins bien se nourrir, se loger ou avoir moins d’opportunités de faire du sport ou d’accéder à des loisirs pourtant essentiels à une bonne qualité de vie.

Les jeunes salariés représentent l’avenir de l’entreprise dont elle a tant besoin pour l’accompagner face aux nombreux défis qui l’attendent. Prendre soin de cette tranche d’âge se révèle être de plus en plus nécessaire.

Comment l’entreprise peut-elle favoriser le bien-être et la santé des jeunes salariés ?

Afin d’agir sur le bien-être et la santé des salariés en entreprise, l’approche doit être multifactorielle. Des actions concrètes pour améliorer la santé sont nécessaires. Celles-ci doivent être complétées par une approche plus globale touchant à la raison d’être de l’entreprise mais aussi à l’expérience collaborateur.

Prévenir et agir pour la santé mentale

  • Tout d’abord, il convient de mettre en place des actions pour améliorer la santé mentale des jeunes salariés à travers :
  • La mise en place d’une cellule d’écoute individuelle ;
  • L’organisation de sessions de groupe sur des thématiques comme les addictions ou l’éco-anxiété en partenariat avec des experts externes ;
  • La formation du management de proximité à la détection des problématiques de santé mentale et aux risques psycho-sociaux ainsi qu’à la bonne conduite à suivre pour aider les salariés concernés ;
  • La diffusion de campagnes spécifiques sur la santé mentale en ciblant les jeunes salariés avec des thématiques clés comme l’éco-anxiété, l’isolement, la sédentarité et l’addiction numérique.

Mieux accompagner le télétravail

La généralisation du travail en mode hybride doit s’accompagner d’un meilleur encadrement de cette pratique afin qu’elle ne soit pas une source de RPS, de TMS ou de problèmes de santé mentale :

  • Faire respecter le droit à la déconnexion ;
  • Faire en sorte que les équipes puissent se retrouver ensemble au bureau au moins un jour par semaine. Cela permettrait de favoriser une meilleure cohésion d’équipe et de renforcer le lien social ;
  • Améliorer les conditions de travail à domicile grâce à un forfait pour acheter les équipements nécessaires.

Le télétravail peut entraîner un risque d’isolement chez les jeunes collaborateurs. Travailler depuis son domicile plusieurs jours par semaine rompt le lien social et limite les interactions avec les autres membres de l’équipe. L’absence d’échanges et de socialisation peut être une source de mal-être et de démotivation. L’isolement peut avoir des conséquences importantes sur la santé mentale des jeunes salariés. Il est également important de rester vigilant à l’intégration des jeunes recrues notamment dans un mode de travail hybride. Les entreprises peuvent mettre en place des systèmes de tutorat/mentoring. Un tuteur ou mentor pourra les aider à rompre l’isolement mais aussi à se sentir mieux intégrés dans l’entreprise. Il pourra également communiquer les valeurs et diffuser la culture de l’entreprise pour aider les collaborateurs à s’en imprégner plus facilement. Il pourra enfin déceler plus facilement des problèmes qui peuvent apparaître pour agir rapidement.

Donner du sens au travail

Les différentes crises actuelles peuvent entraîner une remise en question plus profonde de la vie personnelle et professionnelle. Elles questionnent la finalité du travail, son utilité et son impact sur le dérèglement climatique et l’environnement. Ces questionnements peuvent être encore plus présents chez les jeunes. Ils souhaitent ainsi travailler pour des entreprises qui s’engagent dans la transition écologique. Selon une étude CSA pour LinkedIn et l’ADEME, Les salariés et la transition écologique dans les entreprises, publiée en 2021 :

●      L’environnement est la deuxième préoccupation principale des salariés, et même la première pour les jeunes salariés de moins de 35 ans ;

De manière générale :

  • 78% des salariés préféreraient rejoindre une entreprise engagée dans la transition écologique ;
  • 68% des employés souhaitent être formés aux enjeux de la transition écologique au sein de leur entreprise.

Avoir une politique RSE engagée et participative est un véritable levier de fidélisation et d’attractivité pour les entreprises. Elle doit en effet permettre aux salariés d’agir et d’être les acteurs de la transformation écologique de l’entreprise avec des actions concrètes comme :

  • Organiser des sessions de formation sur les enjeux de la transformation écologique et énergétique pour mieux les comprendre ;
  • Accompagner le changement pour diffuser un nouveau mode de travail et de pensée dans l’entreprise afin d’innover et concevoir autrement (économie circulaire, éco conception, sobriété énergétique…) ;
  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre notamment pour les trajets domicile-travail en mettant en place un forfait mobilité durable qui favorise une mobilité plus douce avec une prise en charge des frais par l’employeur ;
  • Participer à des actions en partenariat avec des associations (lutter contre le gaspillage alimentaire, favoriser la reforestation, sponsoriser l’agriculture régénératrice…).

Faire vivre une expérience collaborateur positive

Les jeunes générations sont plus soucieuses de l’expérience qu’elles vont vivre au sein d’une entreprise. Dans un marché du travail en tension, la réputation d’une entreprise est fondamentale et l’expérience collaborateur doit être positive pour attirer et fidéliser les jeunes collaborateurs. Ils accordent ainsi de l’importance au respect de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle. Certains d’entre eux apprécient également les entreprises qui offrent plus de flexibilité dans les congés notamment pour leur permettre de pouvoir prendre des vacances prolongées pour faire un long voyage. Ils souhaitent également évoluer dans un environnement qui va leur permettre de développer leurs compétences professionnelles et maintenir ainsi leur employabilité tout au long de leur carrière dans un monde professionnel en pleine transformation. Cet élément est clé car cette génération sait qu’elle ne fera pas toute sa carrière dans la même entreprise et que les métiers vont fortement évoluer dans les années qui viennent. L’évolution professionnelle et des compétences est donc cruciale pour eux. Les pratiques managériales sont également un point d’attention majeur pour ces jeunes collaborateurs. Celles-ci doivent être revues pour s’adapter aux attentes de cette génération. Les plus jeunes collaborateurs apprécient particulièrement le management de proximité. Ils sont désireux d’échanger avec leurs managers notamment à travers des feedbacks constructifs. Ils apprécient les organisations plus horizontales où la communication avec le management est fluide et où ils peuvent plus facilement exprimer leur avis. La confiance que l’entreprise porte en eux est également primordiale et doit être un socle des pratiques managériales. Ils sont désireux d’avoir plus d’autonomie dans leur travail mais aussi dans leur vie professionnelle de manière générale. Ce sont des générations qui peuvent cumuler plusieurs emplois en même temps.

Améliorer le pouvoir d’achat

La baisse du pouvoir d’achat peut impacter les salariés les plus jeunes. L’étude de l’Institut Montaigne montre que les questions liées à l’argent préoccupent de nombreux jeunes. 59% d’entre eux trouvent les questions d’argent difficiles. Ces difficultés matérielles sont corrélées en fonction du niveau d’aisance financière de leurs parents. Dans ce contexte, l’entreprise peut redonner du pouvoir d’achat aux salariés grâce à des avantages sociaux et ainsi améliorer la qualité de la vie des salariés. Plusieurs bénéfices sociaux sont particulièrement appréciés comme par exemple :

  • Le forfait mobilité durable déjà évoqué plus haut qui encourage les modes de transport plus écologiques et apporte une aide financière aux frais de transport ;
  • Des aides pour s’abonner à une salle de sport et encourager l’activité physique ;
  • Des bilans de santé afin de les encourager à prendre mieux soin d’eux et à changer leurs habitudes de vie sur la durée.

Les jeunes collaborateurs même s’ils font partie d’une même génération ne forment pas pour autant un bloc homogène. Il existe entre eux des différences importantes aux niveaux social, économique et culturel. L’entreprise doit prendre en compte ces différences pour ne pas créer de fractures ou d’inégalités de traitement au sein de ces salariés. Les attentes vis-à-vis de l’entreprise peuvent ainsi varier fortement d’un individu à l’autre, même jeune. Les organisations doivent les identifier et les prendre en compte afin de proposer une expérience collaborateur inclusive et positive qui donne envie aux jeunes de s’engager dans leur projet.

Vous avez envie de mettre en place un programme de prévention santé pour les plus jeunes salariés ? Nos experts VerbaTeam peuvent vous guider dans ce projet.

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