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Absentéisme : décryptage d’un phénomène à la hausse !

5 min - 02/03/2023

L'absentéisme au travail est en hausse constante et n’est toujours pas revenu à son niveau d’avant la COVID-19. Le baromètre absentéisme et prévention d’AXA montre qu’en 2021 l’absentéisme reste plus élevé de +3,2% par rapport à 2019. Cette tendance semble s'accélérer en 2022 avec un mois de janvier record. Celle-ci est due au virus de la COVID-19 mais aussi à d’autres facteurs en forte augmentation comme les risques psychosociaux. Dans cet article, nous décryptons pour vous ce phénomène et nous partageons des pistes pour agir.

Absentéisme au travail : quelles sont les causes ?

 

Un effet COVID-19 incontestable

La crise de la COVID-19 a bousculé le monde du travail et a changé les priorités des salariés. Désormais, ces derniers recherchent un meilleur équilibre de vie, plus de flexibilité notamment grâce au télétravail mais aussi plus de sens dans leur vie professionnelle. Les salariés attendent un environnement de travail qui favorise la qualité de vie, le bien-être et la prise en compte de leur vie personnelle.

 

…mais aussi de nouveaux risques de santé

La crise sanitaire a encore des conséquences négatives sur l’absentéisme des salariés. Une étude réalisée par Axa France montre bien ce phénomène. Après une stabilisation à haut niveau en 2021 (3.9% comme en 2020), cette même étude montre que la tendance s’est accélérée lors du premier semestre 2022 avec un taux d’absentéisme de 4,82%. Les modèles de projection permettent déjà d’anticiper un taux final entre 4,2 et 5% en 2022. Sur la totalité de l’année 2021, 32% des salariés s’étaient arrêtés au moins une fois. Sur le premier semestre 2022, ils étaient déjà 33% dans ce cas. Par ailleurs, janvier 2022 est un mois record avec 6,1% d’absentéisme (contre 3,3% en janvier 2019). Ce chiffre est dû à l’impact du variant Omicron qui a fortement perturbé l’emploi. Ainsi, le taux d’absentéisme persiste à un haut niveau sur le premier semestre puisqu’il est supérieur à 4%. Cette tendance concerne toutes les catégories de population, quel que soit leur âge. Cependant, ce sont les arrêts de travail de plus de 2 mois qui ont enregistré une hausse significative (+ 30% entre 2019 et 2022). Certains secteurs ont été particulièrement touchés par l’absentéisme durant la pandémie. C’est le cas de la distribution (+48,2% entre 2019 et 2022), le secteur sanitaire et social (+45,7% entre 2019 et 2022), l’hôtellerie et la restauration (+37,3% entre 2019 et 2022).

 

Des risques psychosociaux en hausse

Selon le ministère du travail et de l’emploi et l’insertion professionnelle, les risques psychosociaux sont définis comme un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Leurs origines sont issues des conditions d’emploi, de facteurs liés à l’organisation du travail et des relations de travail. Les situations à risque sont les suivantes :

  • Le stress causé par la peur de ne pas être à la hauteur des exigences
  • L’épuisement professionnel
  • Le harcèlement moral
  • Le harcèlement sexuel ou agissements sexistes
  • Les violences internes (conflits)
  • Les violences externes à l’entreprise

 

Les risques psychosociaux ont un impact sur la santé physique (TMS, maladies cardio-vasculaires…) et mentale (addictions, anxiété, mal-être) des salariés et par conséquent sur l’absentéisme. Les risques psychosociaux représentent la première cause des arrêts de travail de longue durée. La population des 30-50 ans semble être la plus touchée par ce phénomène avec 36 % des causes d’arrêts de travail en 2021[1].

 

Par ailleurs, le baromètre absentéisme et prévention d’AXA montre que ce sont les arrêts de travail les plus longs (3 mois et plus) qui affectent le plus fortement le taux global d’absentéisme. En effet, si le taux d’absentéisme ainsi que la durée moyenne des arrêts sont quasiment stables entre 2020 et 2021 (+4 %), cette différence est beaucoup plus prononcée lorsqu’on observe les arrêts de travail de 2 mois (+ 8,7 %) et de plus de 3 mois (+ 10 %).

 

 

Une santé mentale plus fragile

Confinements à répétition, isolement, peur pour soi et ses proches, stress …la crise sanitaire a eu des conséquences non négligeables sur la santé mentale des Français. Afin de mesurer l’état de la santé mentale des Français, Santé Publique France en partenariat avec BVA, a lancé une étude baptisée COVIPREV. Sans surprise face à un contexte qui a évolué d’une crise sanitaire vers des crises multiples (climatique, géopolitique…), cette étude montre une hausse des troubles psychologiques parmi la population. La dernière enquête réalisée en septembre 2022 montre que la santé mentale des personnes interrogées s’est encore dégradée lors de cette rentrée :

  • 18 % des Français montrent des signes d’un état dépressif (+ 8 points par rapport au niveau hors épidémie)
  • 26 % des Français montrent des signes d’un état anxieux (+ 13 points par rapport au niveau hors épidémie)
  • 71 % des Français déclarent des problèmes de sommeil au cours des 8 derniers jours (+ 21,5 points par rapport au niveau hors épidémie)

Cette dégradation de la santé mentale des Français qui peut être due à des facteurs externes à l’entreprise a des répercussions sur l’absentéisme en entreprise.

 

Les TMS sont toujours d’actualité

Ces nouveaux risques décrits ci-dessus coexistent avec ceux déjà existants. C’est le cas des troubles musculo-squelettiques (TMS) qui restent très présents dans les entreprises. Selon le site Ameli.fr : en France, les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles. En 2017, leur coût direct pour les entreprises s’est élevé à près de deux milliards d’euros à travers leurs cotisations accidents du travail et maladies professionnelles. Dans 45% des cas, les TMS peuvent entraîner des séquelles lourdes avec des risques de désinsertion professionnelle.

 

 

Absentéisme : quelles sont les conséquences pour les entreprises ?

L’absentéisme a un impact négatif sur la vie des entreprises :

  • Désorganisation des équipes ;
  • Mauvaise ambiance au travail ;
  • Baisse de la performance et de la qualité des services ;
  • Dégradation de l’image de l’entreprise ;
  • Baisse de productivité ;
  • Baisse de la rentabilité ;
  • Détérioration du climat social ;
  • Stress supplémentaire pour les autres salariés qui doivent remplacer les absents ;

La liste est longue !

Par ailleurs, les entreprises ont tendance à uniquement quantifier les coûts directs liés à l’absentéisme et à ne pas prendre en compte les coûts indirects (coûts de remplacement, coûts de la baisse de la productivité, coût d’image…) En réalité, l’absentéisme pèse bien plus lourd que les entreprises ne le pensent.

 

Les leviers pour prévenir l’absentéisme

 

Suivre cet indicateur stratégique

Tout d’abord, vous devez suivre les indicateurs de l’absentéisme dans votre entreprise afin d’en comprendre les causes. Le suivi et l’analyse de ces données vous permettront de comprendre les spécificités de l’absentéisme dans votre organisation. Vous pourrez ainsi identifier les bonnes actions préventives et curatives à mettre en place. Voici des exemples d’indicateurs à suivre :

  • Quelles sont les typologies de salariés concernés ?
  • Quel est leur âge/genre ?
  • Quelle est la longueur des arrêts de travail ?
  • Quelles sont les causes les plus fréquentes ?
  • Quels sont les sites concernés ?

 

Amorcer une réflexion profonde

D’autres éléments sont à prendre en compte pour identifier des leviers d’action efficaces. Ils demandent une réflexion approfondie :

  • Le contexte dans lequel évolue l’entreprise ;
  • Le management ;
  • Les conditions de travail ;
  • Le sens donné au travail (la raison d’être de l’entreprise et son impact) ;
  • Le télétravail et ses conditions de mise en place ;
  • L’état de santé des salariés ;
  • La gestion du stress ;
  • Les risques psychosociaux les plus fréquents ;

Vous devez prioriser les sujets importants pour votre entreprise et prendre ainsi la bonne direction pour lutter efficacement contre l’absentéisme.

Le management de proximité : un atout pour lutter contre l’absentéisme.

Le management de proximité est un véritable sujet de fond. Ces managers ont été très exposés pendant toute la période COVID et ont dû faire face à de nombreuses difficultés et à une situation inédite. Les managers ont dû réagir dans l’urgence et s’adapter. L’expérience collaborateur a pu pâtir de ces bouleversements. Cependant, le rôle du manager de proximité est clé. En effet, ils sont en première ligne pour prévenir l’absentéisme des équipes. Ils sont les mieux placés pour détecter les risques psychosociaux par exemple. Aujourd’hui, les managers de proximité, tout comme les ressources humaines, ont besoin d’être accompagnés pour relever les nombreux défis auxquels ils sont confrontés. L’engagement, la motivation et le bien-être des équipes en dépendent. Sensibilisez-les au bien-être des équipes, formez-les pour anticiper les situations à risque, aidez-les à adopter les bons réflexes pour soutenir leurs équipes et endosser leur rôle de nouveau leader bienveillant !

Prenez régulièrement le pouls de votre entreprise

N’attendez pas que l’absentéisme flambe pour agir. Afin d’anticiper les risques et comprendre l’état d’esprit de vos salariés, réalisez régulièrement des enquêtes en interne. Vous pourrez ainsi suivre le climat de votre entreprise, mesurer l’impact de vos actions et les ajuster si besoin.

 

 

[1] Baromètre absentéisme et prévention – Axa France – juin 2022

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