Maladies chroniques, de quoi parle-t-on ?
Des pathologies en augmentation
Les maladies chroniques nécessitent une prise en charge pendant plusieurs années. Il s’agit de maladies évolutives qui peuvent engendrer des complications graves. Les maladies chroniques les plus fréquentes sont les maladies cardio-vasculaires, puis les maladies mentales, le diabète et les cancers. Aujourd’hui, les maladies chroniques sont en plein essor. En 2021, elles concernaient 15 millions de patients soit 20% de la population française selon l’Anact.
Des actifs de plus en plus touchés
25% des 45-54 ans cumulent au moins 2 pathologies chroniques. Aujourd’hui, plus de 1000 cas de cancers sont diagnostiqués chaque jour en France dont 400 concernent des personnes en âge de travailler. 1/3 des personnes atteintes de cancer perd son emploi dans les deux ans suivant la déclaration de la maladie selon l’Anact.
Des entreprises peu équipées pour faire face à ce phénomène
Les maladies chroniques ont des répercussions sur l’organisation du travail et les équipes dans les entreprises. Ces salariés doivent prendre des traitements, peuvent ressentir plus facilement de la fatigue, perdre en concentration, s’absenter plus fréquemment… Les entreprises ont du mal à anticiper ces paramètres dans l’organisation de travail. Les managers sont encore trop peu préparés et outillés pour faire face à ces contraintes. En effet, les arrêts de travail plus fréquents entraînent une réorganisation des tâches au sein des équipes. Les RH ont un rôle central pour anticiper ces situations et accompagner le retour au travail des salariés atteints de maladies chroniques. Ils se situent au cœur de l’ensemble des acteurs investis dans la prévention et l’accompagnement des collaborateurs atteints par une maladie chronique.
Comment les RH peuvent accompagner les salariés atteints de maladies chroniques ?
Le rôle des Ressources Humaines (RH) dans l’accompagnement des maladies chroniques au travail est essentiel pour assurer à la fois le bien-être des employés et la performance de l’entreprise. Voici leurs principales missions :
Aménager les conditions de travail
Une des premières actions à mettre en place est l’aménagement du temps de travail en lien avec la médecine du travail. En effet, les salariés atteints de maladies chroniques ont des besoins spécifiques liés à leur fatigue comme à leur suivi médical.
3 actions majeures peuvent être proposées par les RH :
- Adapter les horaires à travers 2 mesures qui offrent plus de flexibilité à ces salariés :
- la pratique du télétravail,
- la possibilité de bénéficier d’un temps partiel ou d’un mi-temps thérapeutique qui demandent une adaptation du contrat de travail ;
- Mettre en place des aménagements ergonomiques pour réduire la fatigue ;
- Faciliter l’accès aux soins en autorisant les absences pour rendez-vous médicaux.
Soutenir et accompagner dans la durée
Les besoins des salariés peuvent évoluer en fonction des différentes phases de leur maladie. C’est pour cette raison que l’accompagnement doit être réalisé dans la durée en s’articulant autour de 3 socles que les RH peuvent impulser :
- Assurer un dialogue régulier pour identifier les besoins spécifiques du salarié. Le dialogue est un fil rouge essentiel pour adapter le soutien et les aménagements de travail en fonction de l’évolution de la maladie ;
- Proposer un accompagnement personnalisé : la maladie chronique impacte non seulement la santé physique des salariés mais aussi leur santé psychologique avec l’apparition éventuelle d’anxiété, de symptômes dépressifs… Les RH peuvent mettre en place des dispositifs comme du coaching ou un soutien psychologique ;
- Afin de coordonner l’ensemble de ces actions et les suivre dans la durée, le service RH peut désigner un référent handicap ou un interlocuteur RH dédié qui sera l’interlocuteur privilégié sur ces questions et auprès des salariés concernés.
Sensibiliser l’ensemble des collaborateurs
Afin de changer les mentalités en entreprise vis-à-vis des salariés atteints de maladies chroniques et de mieux les inclure, il est essentiel de sensibiliser l’ensemble des collaborateurs sur ces questions et de former plus spécifiquement les managers. Les RH peuvent être force de proposition sur ces points en proposant :
- Organiser des journées de sensibilisation à la maladie chronique pour lutter contre la stigmatisation et lever les tabous ;
- Proposer aux managers des formations à la gestion des collaborateurs concernés pour les aider à savoir accompagner les salariés, de l’annonce du diagnostic à la reprise du travail et à mieux gérer les équipes durant ces phases ;
- Trouver les outils pour favoriser une culture d’inclusion et de bienveillance au sein de l’entreprise.
Accompagner le retour au travail
1. Préparer le retour en amont
Reprendre contact avant la reprise est un prérequis indispensable pour bien préparer le retour des salariés. Les RH peuvent organiser un échange en ligne pour discuter des attentes et des besoins du salarié. C’est l’occasion d’aborder leur état de santé et les contraintes éventuelles pour adapter les conditions et les horaires de travail (ex. : temps partiel thérapeutique, télétravail). Cette préparation en amont doit se faire avec la collaboration de la médecine du travail. L’employeur, par l’intermédiaire des RH, doit en effet planifier une visite médicale de reprise avec la médecine du travail le jour de la reprise du travail et au plus tard dans un délai de 8 jours suivant cette reprise. Cette visite permet d’émettre un avis médical sur l’aptitude à reprendre le poste par le salarié et faire des recommandations sur d’éventuels aménagements du poste. Ce sont des pré-requis indispensables, et obligatoires pour la visite de pré-reprise, d’un accompagnement progressif et éviter ainsi un retour brutal à la charge de travail. Selon les cas, la reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) peut être justifiée. Les RH peuvent aider les salariés et les orienter dans les démarches à suivre.
2. Accueillir le salarié avec bienveillance
Le jour de la reprise est un moment important pour le collaborateur qui revient après une longue absence. Ce retour est un moment délicat durant lequel différents sentiments peuvent se mêler : la joie de reprendre une vie normale et de retrouver ses collègues mais aussi une forme d’anxiété de ne pas être à la hauteur ou de devoir affronter le regard des autres. Afin d’aider les collaborateurs à reprendre en douceur, les RH peuvent organiser un temps d’échange avec le manager et/ou les RH pour faire le point sur les évolutions et les changements dans l’entreprise. C’est aussi l’occasion d’établir un planning progressif avec des missions adaptées aux capacités des salariés.
3. Suivre l’évolution et ajuster les conditions de travail si besoin
Ce premier échange est le point de départ d’un suivi dans la durée ponctué de points réguliers avec le manager et les RH pour anticiper les problématiques liées au travail qui pourraient entraîner un nouvel arrêt ou une sortie de l’emploi :
- Planifier des entretiens à 1 mois, 3 mois, 6 mois pour vérifier son bien-être et ses besoins.
- Ajuster le poste ou les conditions de travail en fonction de son état de santé.
- Proposer un accompagnement long terme (coaching, suivi médical, accès à un psychologue d’entreprise). La prise en compte de leur santé mentale et la création d’un environnement de sécurité psychologique est très important pour ces personnes qui sont plus vulnérables. Les RH peuvent mettre à leur disposition des formations sur la santé mentale et des ateliers sur cette thématique pour les aider à prendre soin de leur mental.
La réintégration des salariés atteints par une maladie chronique doit être personnalisée et adaptée en fonction de son état de santé. Le rôle des RH est d’y veiller en adaptant et en faisant respecter les processus de réintégration et de maintien dans l’emploi. Ils peuvent être force de proposition sur des dispositifs et des outils pour garantir un environnement plus inclusif et adapté. Ils peuvent guider les salariés dans leurs démarches administratives. Ils sont ainsi un maillon essentiel pour anticiper les retours, les accueillir avec bienveillance et s’assurer d’un suivi personnalisé.
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