Les multiples facteurs de risques du télétravail
Les gestes répétés et le manque d’ergonomie
Les TMS résultent en général d’une convergence de facteurs. Le travail sur ordinateur, en position assise prolongée, associé à une mauvaise ergonomie, engendre des douleurs musculaires et des inconforts.
Ces douleurs sont souvent exacerbées par un environnement de travail non adapté, à l’image des postes de travail improvisés sur un coin de table, menant à des postures corporelles qui ont des conséquences, en particulier les articulations du haut du corps. Selon les chiffres de l’Assurance maladie, les TMS les plus fréquents sont :
- Le syndrome du canal carpien au poignet à 38%
- Le syndrome de la coiffe des rotateurs à l’épaule à 30%
- L’épicondylite latérale au coude à 22%
- Les lombalgies (douleurs du bas du dos) à 7%
C’est ainsi que le travail de bureau, considéré a priori comme une somme de tâches plus cérébrales que physiques, n’en finit pas d’impacter le corps par des petits gestes répétés, de mauvaises postures.
L’enjeu de la sédentarité
Selon la Haute Autorité de Santé, la sédentarité est une condition d’éveil où une personne dépense une quantité d’énergie égale ou inférieure à 1,5 MET (= équivalent métabolique, soit l’unité de mesure de l’activité physique) tout en étant en position assise ou allongée. Selon le congrès européen “Coeur, Exercice et Prévention”, “la capacité physique (METs) est le meilleur indicateur d’espérance de vie et en particulier de mortalité cardiovasculaire”. A titre de comparaison, une personne qui reste totalement statique dépense seulement 1 MET, pendant qu’une personne qui marche à un rythme normal en dépense 4. Pratiquer un sport intense, comme la course à pied, en fait dépenser plus de 9.
Or le télétravail entraîne inévitablement un comportement sédentaire si des mesures ne sont pas prises. Il n’est en effet plus question de courir après un bus ou un métro, ou encore d’aller à pied ou à vélo au travail. Et, pendant la journée, il n’est pas nécessaire de bouger pour aller d’un service à un autre.
La sédentarité entraîne plusieurs douleurs et risques selon l’INRS :
- La réduction de l’activité physique entrave la circulation sanguine, augmentant potentiellement le risque de thrombose veineuse profonde (TVP) ou de problèmes vasculaires.
- Maintenir une position statique altère la posture naturelle, favorisant l’apparition de courbures excessives du dos, de la nuque et des épaules.
- La sédentarité entraîne une baisse de la dépense énergétique et l’apparition de troubles métaboliques, soit une prise de poids.
- Elle peut aussi perturber le cycle du sommeil, entraînant des problèmes d’insomnie ou de qualité de sommeil. Et celle-ci se répercute sur le travail du lendemain.
- Le manque d’activité physique peut aussi amplifier le stress et l’anxiété, impactant la santé mentale et émotionnelle.
Le stress et les douleurs psychosomatiques
En parallèle, l’essor du télétravail a remodelé les interactions sociales : cette évolution est aussi un facteur d’isolement, d’une charge de travail parfois excessive ou mal gérée, et d’un sentiment de manque de soutien. Tout cela alimente l’anxiété et le stress.
Ce contexte favorise encore plus l’apparition des TMS et aussi de douleurs psychosomatiques. La santé mentale des collaborateurs en télétravail est à prendre en considération, car elle agit sur le physiologique.
Le mal de dos, des douleurs diffuses et autres affections, principalement musculaires ou dermatologiques, peuvent être aussi causés ou amplifiés par un stress trop important. Cela s’explique par le fait que le cerveau réagit au stress en entraînant une diminution de la microcirculation. Ce qui favorise la micro-inflammation tissulaire, les tensions musculaires, et par conséquent un certain type de TMS.
Les facteurs environnementaux
Les TMS sont aussi étroitement liés à des facteurs environnementaux souvent sous-estimés en télétravail. L’éblouissement, les reflets, mais aussi les courants d’air, le bruit, et la qualité de l’air sont des facteurs de douleurs au niveau du cou et des épaules. Ces aspects, généralement pris en compte dans la conception des bureaux traditionnels sur site, méritent aussi une attention particulière pour les travailleurs à domicile.
Les antécédents personnels
Les caractéristiques individuelles constituent aussi des facteurs de risque. L’âge, le genre, l’état de santé (notamment s’il y a eu des antécédents de TMS), mais aussi la méconnaissance des procédures de travail sont des critères à prendre en considération. En cela, l’entreprise a un devoir légal d’information et de prévention.
Solutions et prévention pour limiter les TMS
Face à ces constats, les télétravailleurs sont en demande d’une meilleure prise en charge de la part des entreprises.
Les premières phases de prévention
Pour contrer les effets négatifs de la sédentarité en télétravail à travers la prévention, voici quelques bonnes pratiques :
Tout d’abord, lors de l’élaboration du document unique (DUERP), il est essentiel de considérer directement les risques associés au télétravail. Cela implique d’intégrer dans ce document les dangers liés au travail à domicile ou dans des espaces tiers, comme les espaces de coworking, et d’y inclure des conseils en termes de santé et de sécurité.
Sur le plan matériel, des recommandations peuvent ainsi être fournies aux télétravailleurs pour aménager leur espace de télétravail à domicile ou dans un tiers lieu de manière ergonomique. Cela peut passer par :
- Des conseils sur l’agencement des postes de travail pour éviter l’éblouissement sur l’écran en le plaçant à l’opposé de la fenêtre. Le soleil ne doit jamais se refléter. Par ailleurs, l’écran doit être à la hauteur des yeux ou légèrement en dessous (si nécessaire, il faut placer un support pour le surélever). Pour éviter la fatigue oculaire, il est important de regarder loin devant soi toutes les 20 minutes pendant 20 secondes.
- L’utilisation de mobilier et d’outils adaptés
- L’encouragement à adopter des postures ergonomiques
Mais ces conseils peuvent aussi être suivis d’actions matérielles comme la participation de l’entreprise à l’achat de matériel adapté avec un budget dédié au télétravail.
Limiter l’isolement et le manque d’activité
Délétère pour le salarié comme pour le fonctionnement de l’entreprise, ces situations à risque doivent être anticipées. L’entreprise peut ainsi développer les outils et les processus pour les éviter :
- Recommandez à vos salariés de débuter leur journée par une courte promenade ou des exercices physiques, tels que des étirements.
- Encouragez l’alternance des tâches et des postures, avec une pause d’au moins une minute toutes les heures.
- Proposez-leur d’aérer régulièrement la pièce pour renouveler l’air ambiant.
- Favorisez aussi l’alternance entre le travail assis (maximum une heure) et debout (maximum 30 minutes). Proposez des solutions ergonomiques pour faciliter cette transition, comme les bureaux assis-debout.
- Leur rappeler de s’hydrater régulièrement pour boire au moins 1,5l d’eau par jour. La déshydratation est en effet un facteur de crampes, douleurs musculaires, mais aussi d’accentuation des tendinites, de migraines, etc. L’hydratation est aussi essentielle dans le travail afin de rester concentré.
- Lors des réunions en ligne, encouragez-les à se lever régulièrement et à marcher. Cela signifie aussi de mettre parfois de côté la visioconférence pour privilégier la voix, ce qui n’oblige pas à rester assis et statique.
- Mettez en place des réseaux d’entraide entre télétravailleurs pour permettre à vos collaborateurs d’exprimer leurs préoccupations et de faciliter la détection précoce de difficultés et de douleurs.
Comment assurer le suivi chez les télétravailleurs pour éviter les TMS ?
A priori, il est difficile de savoir si les conseils sont réellement appliqués en télétravail. Pour un suivi plus susceptible de fonctionner, n’hésitez pas à mettre en place des rappels réguliers avec les conseils de posture et d’activité et encouragez leur application. Vous pouvez par exemple passer par des outils de gestion de projet pour programmer des rappels automatiques. Cela permet d’instaurer des rituels.
En parallèle, il est important de former les managers à la prise en charge du télétravail pour éviter l’isolement. Cela nécessite d’aider les managers à déceler les risques psychosociaux qui sont eux-mêmes des facteurs de risque des TMS.
La sensibilisation aux risques encourus et l’adoption de pratiques visant à promouvoir la mobilité et l’activité physique sont ainsi fondamentales pour protéger la santé des télétravailleurs. En parallèle, et comme beaucoup d’entreprises le pratiquent aujourd’hui, c’est aussi l’équilibre entre présence sur site et télétravail qui doit prévaloir. Ce juste milieu permet de mieux agir quant à la prévention des TMS sur ces deux modes de travail.
Le télétravail, en dépit de ses avantages de flexibilité et d’organisation, expose les salariés à des risques importants de troubles musculosquelettiques et de problématiques de santé au sens large. Une réflexion collective est par conséquent nécessaire pour équilibrer les impératifs professionnels et la préservation de la santé des collaborateurs. Repenser l’environnement de travail, mais aussi comprendre les enjeux de chacun est indispensable. Cela peut notamment nécessiter l’intervention d’experts en prévention santé, pour mieux appréhender le télétravail respectueux de vos engagements QVCT.
Dans cet objectif et pour accélérer vos efforts sur la prévention, les experts de VerbaTeam vous accompagnent.