Identifier les situations à risque avec les machines : un enjeu multisectoriel
Les machines dangereuses sont présentes dans de nombreux secteurs, notamment en métallurgie : presses mécaniques et hydrauliques, tours, fraiseuses, scies à ruban et circulaires, machines de découpe plasma et laser, fours industriels, broyeurs et concasseurs, etc. Dans la métallurgie par exemple, les manquements à la sécurité peuvent entraîner, entre autres blessures graves : écrasement, entaille, happement, cisaillement ou projections de pièces, notamment des éclats dans les yeux.
Dans le BTP, l’utilisation d’engins de chantier comme les pelleteuses ou les grues expose à des risques de collision, renversement ou chute de hauteur. En logistique, les transpalettes électriques et les chariots élévateurs sont régulièrement impliqués dans des accidents dus à des erreurs de manœuvre ou à des défauts de maintenance.
Comment expliquer cette situation ? Les pistes sont nombreuses : mauvaise organisation du travail, manque de formation, délais contraints ou une absence de dispositifs de sécurité adéquats. Mais aussi troubles de la santé mentale et/ou consommation de substances qui altèrent la vigilance. Pour répondre à ces enjeux, la prévention est en première ligne.
Les accidents du travail liés aux machines, les chiffres clés
Chaque année en France, plus de 650 000 accidents du travail sont recensés. Selon les données de l’INRS, environ 10 à 15 % de ces accidents impliquent des machines. Parmi eux, les amputations, écrasements et blessures aux mains représentent une proportion significative.
Les secteurs de la métallurgie, de la plasturgie, de l’agroalimentaire et du bois sont particulièrement exposés, mais les petites entreprises de maintenance ou de sous-traitance ne sont pas en reste.
Les travailleurs concernés
Les salariés les plus touchés sont souvent les opérateurs de production, les techniciens de maintenance, les caristes ou encore les conducteurs d’engins. Les jeunes travailleurs, les intérimaires et les apprentis sont aussi particulièrement vulnérables, notamment en raison de leur manque d’expérience ou d’une formation insuffisante.
Dans les PME, la diversité des tâches confiées à un même salarié augmente l’exposition aux risques : il n’est pas rare qu’un ouvrier manipule plusieurs types de machines au cours d’une même journée, parfois sans formation dédiée à chacune.
Sécurité physique : évaluer, sécuriser, entretenir les machines dangereuses
Les dangers liés aux machines commencent par les blessures visibles. Mais, au-delà des traumatismes parfois très graves (plaies, fractures, amputations), d’autres effets, plus insidieux, peuvent apparaître avec le temps.
Ainsi, derrière les impératifs de sécurité physique, les troubles musculo-squelettiques (TMS), les douleurs chroniques, la fatigue physique ou encore les impacts de la pénibilité constituent ainsi des facteurs de désengagement et d’absentéisme. Cela peut aussi entraîner des troubles de la santé mentale.
Dans l’industrie de la métallurgie notamment, mais aussi dans la plasturgie, la mécanique ou l’agroalimentaire, les gestes répétitifs, les charges lourdes, les postures contraignantes sont omniprésentes. Ce sont autant de terrains propices au développement des TMS, qui représentent aujourd’hui 87% des maladies professionnelles reconnues en France selon l’Assurance Maladie.
Pour agir efficacement, les entreprises doivent intégrer à leur démarche de prévention :
- une analyse ergonomique des postes de travail, avec des ajustements concrets (hauteur de table, fréquence des gestes, alternance des tâches) ;
- une formation pratique sur les bons gestes et postures, en lien direct avec les réalités terrain ;
- des ateliers de sensibilisation à la prévention des TMS, notamment pour développer les réflexes de prudence au quotidien.
L’évaluation des risques est le point de départ incontournable pour sécuriser l’usage des machines dangereuses. L’employeur doit commencer par identifier les dangers propres à chaque machine et tâche dans le cadre du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Cette évaluation doit être actualisée régulièrement et alimentée par les retours du terrain, les incidents et les retours des salariés.
Ensuite :
- Après avoir identifié les dangers, les machines doivent être sécurisées.
- Mettre en place des protections collectives : capots, barrières immatérielles, boutons d’arrêt d’urgence, capteurs de présence, dispositifs de verrouillage automatique lors des opérations de maintenance.
- Vérifier la conformité des équipements aux normes en vigueur, telles que le marquage CE ou les réglementations ISO.
- Les machines anciennes doivent faire l’objet d’une mise en conformité si nécessaire.
L’entretien préventif est un autre pilier majeur : une machine mal entretenue est une machine dangereuse. Les interventions de maintenance doivent être confiées à des professionnels formés, dans un cadre strictement sécurisé.
Enfin, le port d’équipements de protection individuelle (EPI) reste indispensable pour les situations résiduelles de risque : gants anti-coupure, lunettes de protection, chaussures renforcées, protections auditives… Mais les EPI ne doivent jamais être la seule mesure de protection.
Sécurité psychologique : former, impliquer, écouter
La prévention passe aussi par la formation des salariés, qui doivent connaître les risques et maîtriser les gestes de sécurité, les procédures d’urgence et les consignes d’arrêt. Ces formations doivent être continues, actualisées à chaque évolution du matériel ou de l’organisation.
De son côté, la direction doit mettre en avant un engagement visible du management et la création d’un climat de confiance. Cela passe notamment par le respect du droit d’alerte et de retrait qui doivent être connus de tous et ne jamais faire l’objet de sanctions lorsqu’ils sont utilisés à bon escient.
Les risques psychosociaux (RPS) doivent aussi être pris en compte : surcharge de travail, fatigue, pressions temporelles augmentent le risque d’erreur humaine.
En parallèle, la consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments psychotropes représentent un facteur de risque majeur dans l’utilisation des machines. Ces substances altèrent les capacités de vigilance, de concentration et de coordination motrice, augmentant ainsi le risque d’accidents graves, tant pour la personne concernée que pour ses collègues.
Selon les chiffres de l’INRS, 10 à 20% des accidents du travail seraient liés à l’alcool ou aux drogues. Les effets immédiats (baisse de la réactivité, erreurs de jugement, comportements à risque) sont particulièrement critiques dans les métiers de la métallurgie, du BTP ou de la logistique, où une seconde d’inattention peut avoir des conséquences dramatiques.
Il est donc important d’être attentif aux signaux, parfois faibles, qui sont synonymes d’une consommation de produits ou d’un trouble de la santé mentale et de prévoir un soutien psychologique quand cela s’avère nécessaire. Sans oublier que la prévention de la santé mentale est aujourd’hui un enjeu majeur en entreprise pour tous les salariés, a fortiori quand ceux-ci doivent utiliser des outils dangereux.
Intégrer la prévention à la stratégie de l’entreprise
D’une manière générale, la prévention sécurité repose sur une démarche structurée, continue et participative, intégrée à la stratégie globale de l’entreprise.
Cela passe par :
- Une implication des instances représentatives du personnel
- Une planification rigoureuse des actions correctives
- Une mise à jour régulière du DUERP dans lequel se trouve un volet qui concerne directement la formation et le rappel aux bons usages des machines
- Un suivi des indicateurs de performance (taux de fréquence, gravité des accidents, absences…)
Les entreprises qui investissent dans la sécurité et la prévention constatent rapidement les bénéfices : réduction des accidents, amélioration du climat social, baisse de l’absentéisme, hausse de la productivité.
Alors que l’attractivité des métiers industriels est un sujet central, toutes les entreprises, peu importe leur taille ou leur secteur, peuvent agir pour améliorer la sécurité des machines dangereuses. Pour cela, la formation, l’évaluation des risques, la sécurisation des équipements, l’écoute des salariés, sans oublier la formalisation des actions menées sont autant de moyens d’agir concrètement.
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