Santé dans l’industrie lourde : cartographier les risques
Les métiers de l’industrie sont exposés à des risques de santé qui peuvent avoir des répercussions différentes sur les femmes et les hommes. Avant de définir une politique de santé plus inclusive, notamment auprès des femmes, il convient de revoir les conséquences de ces principaux facteurs de risques en fonction de leurs spécificités physiologiques, professionnelles et sociales.
1 - Réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS)
Les TMS font partie des principaux facteurs de risque des métiers du secteur de l’industrie. En effet, selon l’INRS, l’absence d’aide à la manutention ou moyen de levage et la mauvaise organisation des espaces de circulation et de stockage multiplient les ports de charges et sont responsables des TMS chez les salariés de manière générale. Les exigences des métiers de la métallurgie et de l’industrie lourde font partie des freins qui peuvent réduire l’attractivité de ce secteur auprès des femmes. Ces dernières sont en effet plus susceptibles de développer des TMS. D’après un rapport publié par le Sénat, les TMS touchent plus les femmes que les hommes, à la fois en fréquence et en gravité, et ce à un âge plus précoce. Ce rapport indique également que 60% des personnes atteintes par des TMS sont des femmes. Afin de limiter ce facteur de risque notamment auprès des femmes, il convient de tenir compte de l’exigence physique qui est vécue différemment en fonction de la force physique des salariés et de la sensibilité aux TMS selon les tâches.
Quelle solution mettre en place ?
L’emploi de la force physique et les risques de TMS ont fortement diminué grâce aux évolutions technologiques. Selon France Travail : “ Les logiciels de traçage assisté par ordinateur, les machines à commandes numériques, les appareils pour les opérations de réglage et autres automates changent la donne.”
Voici quelques exemples de transformation des moyens de production qui permettent de rendre ces métiers plus accessibles à l’ensemble des salariés dont les femmes :
- La mise en place de bras robotisés équipés de préhenseurs spécifiques permettent de charger et décharger des palettes ou de déplacer du matériel. Ils permettent également de faciliter la préparation des commandes dans les centres de logistique en repérant les objets et leur quantité ;
- Les chariots manuels peuvent également être motorisés ou remplacés par des robots mobiles pour déplacer les charges lourdes réduisant ainsi les efforts de poussée et de traction ;
- Les vérins électriques ou les colonnes de levage assistent les salariés pour baisser et soulever des charges lourdes sans effort.
L’arrivée de ces solutions fait évoluer les missions au sein de cette industrie. Elles font davantage appel à des compétences liées à la maîtrise de techniques, de savoir-faire, d’organisation, de flexibilité. Ces innovations permettent de rendre les métiers de l’industrie lourde plus adaptés à un grand nombre de salariés.
Les entreprises doivent se saisir de cette opportunité pour :
- Valoriser les métiers devenus plus accessibles grâce aux innovations technologiques ;
Améliorer l’information sur la réalité de l’effort physique requis pour un poste, ce dernier pouvant être surestimé, dissuadant en particulier les femmes de postuler.
2 - Limiter les risques de blessures, brûlures et les chutes
Selon l’INRS, les blessures liées à l’utilisation des outils manuels et des dispositifs de soudage font partie des risques du secteur de l’industrie lourde tout comme les chutes de plain-pied qui peuvent être causées par des sols glissants ou souillés. Dans les deux cas, l’absence d’équipements de protection individuelle (EPI) augmente le risque d’accidents. Protéger les salariés évoluant dans ces industries avec des EPI est donc crucial pour garantir leur sécurité. Les EPI sont essentiellement conçus pour être portés par des hommes et sont donc peu adaptés à la morphologie des femmes. Le manque d’adaptation de ces équipements de protection représente une gêne au quotidien pour les femmes. Ils sont une source de danger et augmentent le risque d’accidents. Des vêtements trop larges peuvent entraîner des chutes, des gants trop grands peuvent plus facilement se coincer dans les outils utilisés, un masque mal ajusté peut avoir des incidences sur la santé respiratoire.
Quelle solution mettre en place ?
L’adaptation des EPI aux femmes est donc un enjeu majeur pour leur sécurité. En effet, des gants à la bonne taille permettent de réaliser des gestes de manutention plus précis et rigoureux. Des vêtements et des chaussures adaptés permettent ainsi aux femmes de travailler plus sereinement tout au long de la journée. L’inclusivité passe par des EPI disponibles dans toutes les tailles avec notamment des coupes plus adaptées aux morphologies féminines.
3 - Prêter une attention particulière aux risques chimiques
Les salariés travaillant dans le secteur de l’industrie lourde peuvent être exposés aux risques chimiques. Ces risques peuvent avoir une incidence sur la santé reproductive des hommes et des femmes mais aussi sur l’apparition de cancers. Selon l’INRS, les risques chimiques sur la grossesse peuvent avoir les conséquences suivantes sur les fœtus et nouveau-nés : une naissance prématurée, des malformations, des retards de développement, des cancers ou encore des perturbations endocriniennes…
Quelles solutions mettre en place ?
- Identifier les risques sur la santé reproductive et les cancers, dont les cancers féminins, en les inscrivant dans le DUERP ;
- Tenir les femmes informées de ces risques et les encourager à prévenir leur employeur de leur grossesse ou projet de grossesse au plus tôt ;
- Offrir un accès facilité à des services de santé reproductive via la médecine du travail : conseils, suivi menstruel avec un suivi renforcé en cas de grossesse ;
- Adapter les postes pour éviter les expositions dangereuses ou efforts physiques inadaptés pendant la grossesse ;
- Relayer les campagnes de dépistage des cancers notamment féminins (sein, col de l’utérus) ;
Favoriser le dépistage des cancers, incluant les cancers féminins, en proposant aux salariés de réaliser un bilan de santé régulier.
4 - Garantir la sécurité psychologique des femmes
Pour intégrer plus de parité au sein de ces entreprises, les femmes doivent pouvoir se sentir en sécurité autant d’un point de vue physique que psychologique. Si le harcèlement sexuel et les agissements sexistes peuvent concerner tous les salariés, il existe une proportion plus importante de victimes chez les femmes. Selon le rapport annuel publié en 2023 sur l’état du sexisme en France : 37 % des femmes affirment d’ailleurs avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix d’orientation professionnelle et 46% ont vécu des situations sexistes dans le monde du travail. Les femmes peuvent également avoir une charge mentale importante et plus de difficultés à concilier leur vie personnelle et professionnelle. Elles sont plus à risque de souffrir de risques psycho-sociaux. Le rapport de Santé publique France sur les maladies professionnelles, publié en avril 2023, met en évidence une prévalence deux à trois forte plus forte des signalements de souffrance psychique en lien avec le travail chez les femmes. Cette souffrance psychologique se traduit par des symptômes dépressifs (près de 4 % des femmes contre 1,5 % des hommes), l’anxiété, le burn out, le syndrome post-traumatique et les troubles du sommeil. Plusieurs types d’action peuvent réduire ces risques.
Quelles solutions mettre en place ?
- Lutter contre les comportements sexistes ou discriminatoires pouvant impacter la santé mentale des salariés, notamment celle des femmes, en proposant des formations sur le sujet à tous les salariés. Les entreprises peuvent également désigner des référents qui peuvent recueillir la parole des victimes en cas de besoin ;
- Proposer aux managers une formation spécifique pour les aider à repérer les comportements à risque dans les équipes et créer une culture d’entreprise plus inclusive ;
- Disposer de vestiaires adaptés : si les femmes ont besoin de se changer notamment pour revêtir leur tenue de travail, l’entreprise doit garantir des installations séparées et sûres ;
- Mettre en place des ateliers et/ou des coachings sur les problématiques de santé mentale comme la gestion de la charge mentale, la parentalité, le harcèlement…
- Faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle avec des horaires souples pour les salariés avec enfants et des aménagements notamment en cas de monoparentalité.
Adapter les programmes de prévention santé est un levier incontournable pour attirer et fidéliser plus de femmes dans les métiers de l’industrie lourde. Ces actions permettent de rendre l’entreprise plus inclusive et sont par conséquent profitables au plus grand nombre. Pour proposer des politiques de santé favorisant l’accès de toutes et de tous aux emplois de l’industrie, nos conseillers VerbaTeam sont à votre écoute pour vous guider.