Tabac : une consommation des femmes en hausse ?
L’étude de Santé publique France sur la prévalence nationale et régionale du tabagisme en France en 2021 montre qu’après une baisse conséquente du tabagisme en France entre 2014 et 2019, la consommation s’est stabilisée en 2020. La crise de la Covid-19 qui a souvent eu pour conséquence une hausse des addictions, a-t-elle encouragé le tabagisme ? Pas chez tout le monde ! Alors que la baisse se confirme chez les hommes entre 18 et 24 ans, pour la période 2020 et 2021, passant de 35,8% à 28,7%, elle augmente chez les femmes entre 35 et 44 ans (de 20,7% à 23,0%).
Quelles sont les causes de cette augmentation ?
Cette hausse s’explique par l’inquiétude engendrée par la crise sanitaire. Afin de lutter contre le stress, beaucoup de femmes se sont mises à fumer car la cigarette est perçue à tort comme un moyen de se détendre. En effet, les femmes ont peut-être souffert encore plus de cette période. Souvent placées à la tête de famille mono-parentale (85% des familles mono-parentales ont une femme à leur tête selon l’INSEE), cette crise a augmenté leur charge mentale. Les catégories professionnelles les plus féminisées sont également celles où les conditions de travail ont été fortement dégradées, selon l’INSEE, comme le secteur sanitaire et social ou encore l’enseignement.
Par ailleurs, les femmes assurent souvent le rôle d’aidante auprès de leurs proches. Dans un communiqué, AXA Prévention révèle que plusieurs baromètres évoquent la statistique de 57 % de femmes qui assurent la fonction d’aidante. Ce chiffre déjà important est certainement sous-estimé. Ce rôle alourdit la charge mentale et le stress des femmes et devient certainement un facteur supplémentaire de tabagisme.
Femme et tabagisme : des risques spécifiques
Les femmes encourent les mêmes risques que les hommes vis-à-vis du tabac mais elles ont cependant des problématiques spécifiques auxquelles elles ne sont pas toujours sensibilisées.
Un risque cardio-vasculaire plus élevé dû à la prise d’une contraception
Le tabagisme associé à la prise d’une pilule contraceptive augmente le risque de survenue des maladies cardio-vasculaires. Selon le Comité National Contre le Tabagisme, les études scientifiques démontrent qu’à consommation égale, les femmes fumeuses ont un risque supérieur de contracter une maladie coronaire de 25%. Elles ont ainsi un risque accru de faire un accident vasculaire cérébral ou de développer une phlébite. D’après une étude d’AXA Prévention : 90% des femmes dépistées dans le cadre de l’opération Agir pour le cœur de femmes cumulent au moins 2 facteurs de risques cardio-vasculaires ou métaboliques. Ces résultats sont jugés inquiétants car ils se situent très au-dessus des moyennes nationales.
En France, selon le collectif Agir pour le cœur des femmes, 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardio-vasculaires. Ces maladies sont devenues la première cause de mortalité chez la femme dans le monde et les accidents vasculaires cérébraux sont la deuxième cause de mortalité chez la femme en France après l’infarctus de myocarde. Si les femmes se sont longtemps crues protégées des maladies cardio-vasculaires du fait de leur spécificité hormonale, cette protection n’est plus efficace dès lors qu’elles se mettent à fumer.
Une hausse de l’infertilité
Le tabagisme a un impact significatif sur la fécondité des femmes. Les femmes fumeuses ont un taux de fécondité plus bas que les femmes non fumeuses et mettent ainsi plus de temps à avoir un enfant. Elles ont également un risque plus élevé d’être ménopausées de manière précoce et de développer une ostéoporose à cette occasion.
Des risques pour le fœtus et sur les enfants
En cas de grossesse, le tabac porte atteinte à la santé de la mère et de l’enfant. Celui-ci a des effets néfastes sur le développement du fœtus et entrave le bon déroulement de la grossesse. Les femmes fumeuses ont un risque plus important d’accoucher prématurément. Selon le CHU de Toulouse, elles ont un risque multiplié par trois de faire une fausse couche et par deux de faire une grossesse extra-utérine par rapport à une femme non-fumeuse. Un fœtus exposé au tabagisme maternel est moins bien oxygéné. Il a ainsi plus de risque de devenir asthmatique à la naissance mais aussi de rencontrer des retards de développement.
Une augmentation des cancers
Le tabagisme est le premier facteur de risque de cancers. Selon l’Institut Curie, la prévalence des cancers augmente chaque année chez les femmes notamment en raison de la consommation de tabac. Les cancers les plus fréquents chez la femme sont celui du sein (33%), le cancer colorectal (11%), ainsi que le cancer du poumon (8,5%). Ce dernier est en forte augmentation chez les femmes (+ 5% par an). En effet, le tabagisme multiplie par 10 à 15 fois le risque de développer un cancer du poumon. Enfin, le lien entre le tabagisme et d’autres cancers comme celui du sein, des ovaires, de l’utérus et du côlon a été établi.
Comment agir en entreprise ?
Même s’il est interdit de fumer sur le lieu de travail, les employeurs peuvent aller plus loin pour lutter contre le tabagisme et jouer un rôle moteur dans le sevrage.
Tout d’abord, les entreprises peuvent organiser des campagnes de prévention pour faire prendre conscience des méfaits du tabac en général et sur la santé des femmes en particulier en rappelant l’impact du tabac tout au long de leur vie (grossesse, ménopause, etc.). Nous observons en effet à travers nos bilans de santé que les femmes fument plus que les hommes et que pourtant, les campagnes publiques les ciblent peu.
Les campagnes de prévention peuvent avoir pour objectif de déminer les idées reçues notamment sur la prise de poids au moment du sevrage ou encore sur la supposée protection des femmes vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires qui n’a plus lieu d’être avec le tabagisme.
Pour cela, elles peuvent s’appuyer sur des campagnes d’affichage en interne, des newsletters mais aussi des formats plus ludiques comme des quiz ou plus engageants comme des tests de monoxyde de carbone, des activités sportives ou encore un entretien avec un professionnel de santé. Ces actions peuvent prendre des formes variées, en présentiel ou encore sous format numérique.
Le stress et l’anxiété se révèlent être également des facteurs de tabagisme. Afin de les éviter, les entreprises peuvent agir sur l’organisation de travail et les pratiques managériales en priorité. Des activités relaxantes complémentaires peuvent être également proposées et un service d’écoute psychologique peut être mis en place. Afin d’alléger les femmes à la tête de familles mono-parentales, les employeurs peuvent également proposer des aides aux devoirs, à la garde d’enfants ou encore proposer des aménagements du temps de travail.
Ces actions peuvent être mises en place lors de temps forts comme le mois sans tabac qui se déroule en novembre, ou encore celui de la journée mondiale sans tabac qui a lieu le 31 mai.
L’opération mois sans tabac permet de mettre en place un défi collectif sur le lieu de travail dans l’objectif d’inciter les fumeurs à arrêter de fumer avec le soutien de leurs collègues. Participer à cet événement permet aux entreprises de montrer qu’elles prennent soin de la santé de leurs salariés, de mettre en place des actions conviviales et collectives autour de l’arrêt du tabac. En participant, les employeurs reçoivent un kit d’aide à l’arrêt et un guide pour les aider à animer leur événement en interne. Toutes les informations sont disponibles sur le site dédié à l’opération.
Afin que ces actions se révèlent être réellement efficaces, elles doivent être menées tout au long de l’année.
Les équipes de VerbaTeam peuvent vous aider à mettre en place des campagnes de prévention et des actions efficaces pour sensibiliser vos collaboratrices sur le sujet. Vous avez envie qu’elles renoncent définitivement au tabac ? Discutons ensemble de votre projet.