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Comment accompagner les salariés atteints d’un cancer en entreprise ?

4 min - 02/03/2023

Face au cancer qui touche environ 433 136 Français par an, dont une part importante d’actifs, les entreprises ont leur rôle à jouer pour accompagner au mieux leurs salariés concernés. Et cela, dans le respect de leur vie privée. En parallèle, alors que les traitements demandent du temps et que l’activité peut s’en ressentir, comment gérer les absences inévitables et le retour au travail ?

Le monde de l’entreprise doit s’engager pour accompagner la lutte contre le cancer

Au récent Forum de Davos, un grand patron français du CAC 40 a librement évoqué sa bataille menée contre un cancer. À travers cette confidence, son souhait est aussi de rendre la parole plus simple au sein de l’entreprise sur cette pathologie qui, bien souvent, « doit » rester discrète dans le milieu professionnel. Celui ou celle qui est touché(e) par une maladie potentiellement mortelle serait ainsi vu(e) comme une personne sur qui on ne peut plus se reposer ou que l’on ne doit pas solliciter.

Mais les chiffres de l’Institut National du Cancer montrent qu’une prise en charge de la problématique par l’entreprise est indispensable : parmi les quelque 1 200 personnes diagnostiquées avec un cancer chaque jour, 400 travaillent.

Et alors qu’environ une personne sur deux au cours de sa vie sera diagnostiquée avec un cancer, comment l’entreprise peut-elle agir, à la fois sur la prévention et l’accompagnement ? Les employeurs qui mettent en place des bilans de santé par exemple, ou encore qui proposent des dépistages réguliers, doivent donc agir sur ces deux aspects.

Derrière la fatigue et les traitements, des inquiétudes

Outre la fatigue et la douleur causées par le cancer et les traitements, d’autres enjeux concourent à l’inquiétude des actifs : comment le milieu professionnel va-t-il réagir ? Quels seront les aménagements possibles ? Cela est d’autant plus important que, selon une étude AXA Prévention en 2022, 12 % des actifs ont ressenti un sentiment de rejet ou de discrimination en raison de leur maladie.

De la même façon, les arrêts maladie de plusieurs semaines à plusieurs mois jouent inévitablement sur la cohésion d’équipe, ce qui génère par la suite une forme d’isolement. Autant dire que, peu à peu, le salarié peut lui-même se désengager, malgré sa volonté première de rester un membre à part entière de l’entreprise.

Face à ces questionnements légitimes, les entreprises doivent aujourd’hui adopter une approche d’accompagnement pour soutenir les salariés.

Les leviers d’accompagnement des entreprises face au cancer

En raison du nombre de cancers chez les actifs, aider les managers à intégrer et optimiser le parcours d’un collaborateur atteint de cette maladie est devenu incontournable.  Au lieu d’en faire un obstacle à la productivité, il est désormais possible de voir le cancer comme un combat à mener collectivement, dans le respect des personnes, pour leur bien et celui de l’entreprise.

C’est ainsi que des actions peuvent limiter les effets collatéraux du cancer.

1.      Adapter les conditions de travail

Les conditions de travail, du management à l’environnement, sont désormais au cœur de la qualité de vie au travail. Lorsqu’une collaboratrice ou un collaborateur lutte contre un cancer, qu’il soit en phase de soins ou de rémission, l’environnement de travail est primordial.

Cela peut inclure des aménagements tels que :

  • Des horaires de travail flexibles
  • Un allégement de la charge de travail
  • Le mi-temps thérapeutique décidé par le médecin et optimisé par l’entreprise à travers des missions enrichissantes, qui laissent de côté les tâches chronophages sans valeur ajoutée. Celles-ci pouvant être automatisées ou dispatchées au sein de l’équipe.
  • Le télétravail, à condition qu’il ne soit pas à 100 % si ce n’est pas le souhait du salarié. Cela pourrait nuire à sa réintégration. Néanmoins, cela peut être progressif et passer de 100 % à 50 % en fonction de ses besoins et du suivi de sa maladie.

2.      Sensibiliser les équipes au cancer

Même si tout le monde est concerné directement ou indirectement par le cancer, la maladie en entreprise souffre encore d’un grand tabou. Le quotidien du travail semble encore mal s’acclimater à ce que représente le cancer, une maladie qui peut toucher tout le monde, et qui entraîne un risque de mortalité.

Or, une démarche de sensibilisation des collègues et des managers à la maladie et à ses effets est indispensable. Par le biais de données chiffrées, de la réalité de la maladie, ils pourront comprendre les besoins, tout comme les limites des salariés atteints par un cancer.

La sensibilisation doit avoir lieu toute l’année, notamment via des bilans de santé ou des campagnes de dépistage. La communication s’avère aussi indispensable pour alerter sur les facteurs de risque comme le tabac, l’alcool et les addictions à l’origine de cancers. Ainsi, 40 % des cancers pourraient être évités par un changement des comportements.

3.      Offrir un accompagnement personnalisé par un collègue

Parmi les solutions qui facilitent le quotidien des personnes malades au retour ou pendant leur traitement, un système de mentorat leur permet de parler de leurs expériences et de leurs préoccupations avec un collègue volontaire pour cela.

Les autres ressources, telles que les groupes de soutien et/ou du soutien psychologique et social (selon les dispositions de l’entreprise), doivent aussi être facilement accessibles aux employés.

4.      Maintenir la communication pendant les absences

Parmi les craintes des actifs touchés par le cancer, celle d’être exclus du quotidien de l’entreprise est très partagée.

Pour éviter cela, il est essentiel de maintenir la communication avec eux tout au long de leur congé maladie pour les aider à se reconnecter avec leur travail. Si leurs tâches sont mises sur pause, cela ne doit pas être le cas de l’attention à apporter aux salariés touchés par le cancer.

Ils doivent continuer de faire partie des boucles d’e-mails – sans avoir à y répondre – et d’être informés des événements de l’entreprise.

5.      Anticiper le retour

De plus, avec la loi santé au travail 2022, l’anticipation du retour avec une visite de pré-reprise peut se faire dès 30 jours d’arrêt, et non plus après 3 mois. Sachant que certains traitements n’obligent pas à un arrêt plus long, ou que les arrêts maladie peuvent être étalés dans le temps, cela facilite la reprise, même pour une durée courte. Dans tous les cas, la reprise se déroule en coordination avec la médecine du travail, le médecin traitant et le médecin conseil.

Cette anticipation sur le plan de la santé doit aussi s’accompagner d’une anticipation plus large pour adapter le poste ou le temps de travail.

Les salariés atteints par le cancer sont protégés par la loi contre la discrimination et doivent être traités, comme tous, avec dignité et respect. Mais, plus encore, les entreprises qui adoptent une approche d’accompagnement participent à l’amélioration de leurs conditions de travail. Ce qui, dans le même temps, renforce la culture de l’entreprise par une prise en compte de la santé et du bien-être global des collaborateurs.

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