Un engouement naissant
Les initiatives pour travailler 4 jours par semaine se multiplient partout en Europe, notamment en Espagne, au Royaume-Uni, en Belgique et en Italie. Impulsées par l’État ou directement par les entreprises, les raisons de cet enthousiasme sont multiples. La mise en place de la semaine de 4 jours permet aux entreprises d’offrir encore plus de flexibilité dans l’organisation du travail et d’améliorer ainsi l’attractivité auprès des candidats et de fidéliser les collaborateurs en interne.
En France, quelques entreprises se sont emparées du sujet. Elles représentent aujourd’hui 5% du marché tous secteurs confondus selon l’étude People at Work 2022 d’ADP. Pourtant les salariés comme les DRH semblent être prêts à tenter l’expérience. C’est ce que constate une étude réalisée par Robert Half en avril 2023 sur ce que veulent les salariés : 47% des salariés seraient favorables à sa mise en place à la condition de maintenir les mêmes horaires de travail pour le même salaire. Dans une autre étude réalisée sur le travail hybride, le cabinet Robert Half montre que près de 35% des employeurs envisagent de mettre en place la semaine de 4 jours dans les 12 prochains mois. D’après l’Observatoire des rythmes de travail : 54% des DRH se disent prêts à passer à la semaine de 4 jours.
Les résultats de l’expérience en Angleterre : des bénéfices indéniables sur la santé des salariés
Un dispositif visant à tester la semaine de quatre jours a été lancé entre juin et décembre 2022 en Angleterre. Le bilan publié en février 2023 : “The results are in: the UK’s four-day week pilot” donne un aperçu positif de cette expérience qui a réuni plus de 70 entreprises. 3 300 salariés ont ainsi travaillé un jour de moins par semaine tout en conservant le même salaire. 86% des entreprises participantes ont déclaré qu’elles envisageraient « probablement » ou « extrêmement probablement » de conserver la semaine de quatre jours à l’issue de la période d’essai.
Un impact positif sur le bien-être et la santé des salariés
Parmi les avantages les plus importants, le bien-être des salariés figure en tête de liste. Le bilan montre que 39% des employés étaient moins stressés. De même, les niveaux d’anxiété, de fatigue et de troubles du sommeil ont diminué, tandis que la santé mentale et physique s’est améliorée. L’équilibre entre vie professionnelle et personnelle s’est également amélioré au cours de cette période. Les employés ont en effet constaté qu’il était plus facile de concilier leur travail avec leurs engagements familiaux et sociaux.
L’épuisement professionnel a également diminué. 71% des employés ont signalé être moins fatigués qu’au début de l’expérience contre seulement 22% qui ont enregistré un score d’épuisement plus élevé. La semaine de 4 jours permet aux personnes exerçant des métiers plus physiques de mieux récupérer.
La santé mentale des salariés a montré des signes d’amélioration. 54% des employés ont signalé ressentir moins d’émotions négatives. L’insomnie a diminué de manière significative. En effet, 40% des participants ont une meilleure qualité de sommeil par rapport au début de l’expérience, tandis que 45% n’ont vu aucun changement et seulement 15% d’entre eux pensent que leur sommeil s’est dégradé.
37% des employés ont indiqué être en meilleure santé physique.
Des entreprises plus attractives
Par ailleurs, les bénéfices vont au-delà de la santé. L’entreprise est plus attractive notamment auprès des publics qui recherchent de la flexibilité comme c’est souvent le cas avec les parents de jeunes enfants par exemple. Les salariés ont déclaré être également plus satisfaits de leur emploi avec 48% de collaborateurs plus satisfaits qu’au début du test. Enfin, travailler sur 4 jours permet également d’offrir de la flexibilité à des métiers qui ne peuvent pas pratiquer le télétravail et rééquilibre ainsi la demande de souplesse parmi l’ensemble des collaborateurs.
L’entreprise peut également valoriser la semaine de 4 jours sous l’angle des effets positifs sur l’environnement. En effet, lorsque les entreprises passant à la semaine de 4 jours décident d’imposer un jour unique de fermeture à tous les salariés, les répercussions sont également positives pour l’environnement. En cette période de sobriété énergétique, adopter la semaine de 4 jours, dans ces conditions, est un levier pour faire baisser la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Cette démarche vient ainsi renforcer vos engagements pour lutter contre le réchauffement climatique ainsi que votre marque employeur. Votre entreprise gagnera ainsi en attractivité auprès des personnes sensibles à ce sujet.
Des résultats positifs sous condition
De manière générale, les entreprises qui ont mis en place la semaine de 4 jours constatent une amélioration du bien-être des salariés et de leur productivité. Cependant, tout dépend de la manière dont les entreprises organisent ce temps de travail car celui-ci n’entraîne pas toujours une réduction des horaires. Il existe en effet plusieurs options.
- Le temps de travail habituel se concentre sur 4 jours. Les salariés travaillent alors en binôme et se remplacent mutuellement pendant leur jour d’absence.
- L’entreprise peut réduire le temps de travail à 32 ou 30 heures à effectuer sur 4 jours.
Des risques à prendre en compte
Les répercussions de la semaine de 4 jours sur la santé des salariés dépend de la manière dont l’entreprise a mis en place cette organisation.
Dans le cas où le temps de travail reste identique, la semaine de 4 jours peut ne pas convenir à tous les collaborateurs car l’amplitude horaire des 4 jours de travail restants risque d’être trop importante, notamment pour les parents de jeunes enfants.
Par ailleurs, organisée dans ces conditions, la semaine de 4 jours fait même craindre des effets négatifs de la part des experts des ressources humaines à l’ensemble des salariés. En effet, augmenter la charge de travail sur 4 jours pourrait engendrer plus de stress et accélérer ainsi les risques psycho-sociaux. Les entreprises pourraient également rencontrer des difficultés pour organiser le travail avec une journée en moins car tous les métiers n’ont pas la même souplesse opérationnelle. La pénibilité au travail pourrait alors croître. En revanche, lorsque l’entreprise réduit le temps de travail à 32 ou 30 heures, alors l’impact sur l’équilibre de vie est indéniable.
Vous avez des questions sur les moyens à mettre en place pour améliorer la santé de vos salariés ? Nos conseillers sont prêts à vous répondre.