Consommation d’alcool : où en sommes-nous ?
La France est l’un des pays les plus consommateurs d’alcool parmi les pays d’Europe occidentale. D’après Santé Publique France, les Français consomment 11,7 litres par an et par personne de 15 ans et plus et 10% des 18-75 ans consomment à eux seuls 58% de l’alcool consommé. En effet, l’alcool est très souvent synonyme de plaisir, convivialité et festivité. Pourtant, derrière cette image, se cache une autre réalité. Chaque année 41 000 décès sont attribuables à l’alcool.
Selon une étude publiée en janvier 2023 par le Bulletin épidémiologique, la consommation d’alcool tend à diminuer en France. “Entre 2020 et 2021, en France métropolitaine, la proportion d’adultes déclarant une consommation d’alcool se situant au-dessus des repères de consommation à moindre risque a significativement diminué passant de 23,7% à 22,0%”. Cette baisse s’observe principalement parmi les hommes, les personnes plus jeunes mais aussi plus âgées et celles aux revenus élevés. Cette tendance est très certainement liée aux confinements et à la fermeture des lieux festifs, il faudra attendre de prochaines études pour savoir si elle se confirme dans la durée.
Pour rappel, une consommation d’alcool à moindre risque a été définie par la Mildeca, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, de la manière suivante :
- Maximum 10 verres par semaine ;
- Maximum 2 verres par jour ;
- Des jours dans la semaine sans consommation.
Addictions sur le lieu de travail : une réalité à prendre en compte
L’alcool compte parmi les substances psychoactives les plus consommées sur le lieu de travail selon l’INRS. L’alcoolisme concerne tous les secteurs d’activités et toutes les catégories socio-professionnelles. Il est par ailleurs souvent tabou au travail. Pourtant la consommation d’alcool, même à faible dose, comporte des risques pour la santé et la sécurité des salariés, selon l’INRS :
- Le risque d’accident du travail est multiplié par 2 chez les hommes consommant au moins 4 verres d’alcool par jour, et chez les femmes consommant au moins 2 verres par jour ;
- Conduire sous l’emprise de l’alcool multiplie par 17,8 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel.
Quand le travail favorise la consommation d’alcool
Parfois, certaines situations liées à la vie de l’entreprise peuvent entraîner une consommation d’alcool. Il s’agit la plupart du temps de célébrations occasionnelles comme les pots de départ, de fin d’année, d’anniversaires mais aussi les after works et autres moments de convivialité.
D’autres situations peuvent encourager une consommation plus régulière. Certains salariés sont amenés à avoir très fréquemment des dîners et des voyages d’affaires dans le cadre de leurs fonctions. Ce sont en général des situations propices à la consommation d’alcool. Et ce n’est pas toujours simple de restreindre sa consommation à ce moment-là. Refuser un verre à l’occasion de certains événements professionnels peut être mal vu. L’alcool est souvent synonyme de communion et de partage et, selon la culture des pays, pour les salariés évoluant à l’international, l’alcool peut être un élément important dans la relation avec les clients.
Enfin, le stress causé par des objectifs trop difficiles à atteindre, des situations de tensions ou de violence dans l’entreprise peuvent entraîner une consommation d’alcool importante et conduire à une dépendance chez certains salariés. En effet, l’alcool a des effets psychoactifs immédiats qui sont désinhibants et provoquent une sensation de détente et de bien-être face au stress.
Des répercussions sur la santé des salariés
Des effets à court terme
Au quotidien, la consommation d’alcool peut également altérer la qualité de vie et perturber le comportement des salariés. Elle peut en effet entraîner une baisse de la vigilance et de l’attention, et augmenter ainsi les risques d’accident. Selon l’Inserm, le taux d’alcool ingéré a des conséquences sur le comportement :
- Avec un taux inférieur ou égal à 0,50 g/l, l’éthanol a un effet stimulant et désinhibant : les tâches sont exécutées plus rapidement et avec une sensation de facilité, mais un taux d’erreurs accru.
- Au-delà de 0,50 g/l, l’éthanol a un effet sédatif et perturbe les fonctions motrices (perte d’équilibre et de coordination des mouvements).
Selon l’INRS, le risque d’accidents du travail est multiplié par 2 dès lors qu’il existe une consommation chronique hebdomadaire excessive d’alcool. Le risque d’accidents du travail graves est augmenté de 50% pour ceux qui ont une consommation ponctuelle importante au moins une fois par semaine.
Des effets à moyen et long terme
D’après l’Inserm, la consommation d’alcool est responsable de plus de 200 maladies et atteintes diverses. La consommation d’alcool, même à faible dose, augmente les risques de cancers, d’accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (AVC) et de troubles du rythme cardiaque. Certaines maladies sont même exclusivement imputables à l’alcool. C’est le cas notamment pour la cirrhose alcoolique ou certaines affections neurologiques. Pour d’autres pathologies, l’alcool constitue un facteur de risque important comme les cancers (bouche, pharynx, larynx, œsophage, foie, sein, colorectal) et des maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, cardiopathie ischémique). Des troubles cognitifs peuvent également survenir chez la plupart des personnes dépendantes à l’alcool. L’alcool est ainsi la deuxième cause de mortalité prématurée en France, et une des premières causes d’hospitalisation.
Comment les entreprises peuvent-elles agir ?
Consommation d’alcool sur le lieu de travail : des règles à respecter
Les entreprises peuvent organiser des moments festifs à l’intérieur et à l’extérieur de leurs locaux. Des règles concernant le type d’alcool autorisé sont en vigueur. Cependant, les règles ne sont pas les mêmes selon les endroits. En effet, les employeurs ne peuvent pas proposer de spiritueux à l’intérieur de leurs locaux. Seule la consommation de vin, bière, cidre et poiré sur le lieu de travail est autorisée par le droit du travail. La consommation de toute autre boisson alcoolisée est interdite (article R.4228-20 du code du travail). L’entreprise peut également prendre des mesures pour interdire toute consommation d’alcool dans ses locaux si elle estime que celui-ci peut porter atteinte à la santé et à la sécurité des collaborateurs (risque d’accidents…). L’entreprise doit impérativement retirer un salarié alcoolisé de son poste de travail afin d’éviter tout risque d’accident.
Concernant les moments de convivialité organisés en dehors du lieu de travail, le règlement intérieur de l’entreprise ne s’applique pas mais en cas d’accident sur le poste de travail ou sur la route, la responsabilité de l’employeur pourrait être engagée. Il est donc recommandé de limiter la quantité de boissons alcoolisées, même en extérieur, et éventuellement, d’appliquer les mêmes règles qu’à l’intérieur de l’entreprise.
Comment limiter et prévenir les risques lors des fêtes ou pots en entreprise ?
Quelques règles de bonne conduite peuvent être appliquées comme :
- Mettre des limites en rappelant les alcools autorisés et interdits ;
- Rappeler les risques liés à la consommation d’alcool ;
- Offrir des boissons non alcoolisées ;
- Limiter les quantités de boissons alcoolisées ;
- Proposer aux salariés de se restaurer afin de limiter le pic d’alcoolémie ;
- Mettre des éthylotests à disposition ;
- Mettre en place une procédure si un salarié est dans l’incapacité de reprendre son travail et/ou de conduire un véhicule sous l’emprise de l’alcool (comme par exemple, raccompagner les salariés en taxi)
Faire évoluer les mentalités
La perception de l’alcool mérite d’être repensée et les mentalités doivent évoluer à ce sujet notamment pour :
Briser les tabous. La consommation excessive d’alcool et ses conséquences restent taboues en entreprise. Afin d’agir efficacement, il est important de lever le tabou sur cette addiction. Il s’agit d’un pré-requis indispensable pour faire travailler l’ensemble des parties prenantes de la prévention santé en entreprise sur ce sujet et identifier les salariés/métiers/situations à risque. L’addiction à l’alcool peut résulter de causes personnelles ou professionnelles. Celles-ci ont dans tous les cas des répercussions sur le lieu de travail.
Sensibiliser les salariés qui sont souvent sollicités avec des boissons alcoolisées dans le cadre de leurs fonctions. Cette consommation régulière peut entraîner une perte de la vigilance et de la réflexion mais aussi une addiction au fil du temps. Pourtant, les dîners d’affaires restent des moments importants qui requièrent de l’attention et de la sagacité d’esprit de la part des collaborateurs. Rester sobre ou consommer de l’alcool avec parcimonie est indispensable au titre de la santé mais aussi pour préserver son professionnalisme.
Ne pas stigmatiser ceux qui ne veulent pas boire d’alcool. L’alcool est encore largement associé au plaisir, à la convivialité et à la fête. Cependant, tous les salariés ne partagent pas ce point de vue pour des raisons diverses (santé, religion…). Ces personnes peuvent craindre d’être stigmatisés par leurs collègues s’ils n’en boivent pas, que ce soit de manière pérenne ou occasionnelle. Les entreprises peuvent faire évoluer les mentalités afin que chacun se sente à l’aise de ne pas consommer d’alcool sans se sentir jugé.
Réduire les situations à risque
Les managers de proximité ont un rôle à jouer dans la détection des conduites addictives mais aussi pour éviter d’en être responsables. C’est pour cette raison que la sensibilisation et la formation des managers, mais aussi de l’ensemble des collaborateurs, sur les conduites à risque est indispensable. Il convient également de les informer sur les processus d’alerte à activer en cas d’identification de situation à risque.
Les organisations peuvent également revoir leurs pratiques managériales pour éviter que celles-ci ne deviennent toxiques pour les collaborateurs. Un management basé sur l’écoute, l’empathie et le feedback peut aider à éviter les situations à risque. Le respect du droit à la déconnexion est également fondamental pour aider les équipes à décrocher et à trouver un sas de décompression.
Les entreprises ne doivent plus masquer le problème des addictions comme l’alcoolisme en en faisant une affaire purement privée. Quelles que soient les causes, l’alcoolisme d’un salarié aura des répercussions sur son travail. Face à la montée des addictions, il est temps que les entreprises agissent et fassent de ce sujet une priorité. Des actions récurrentes auprès des collaborateurs sont nécessaires pour faire la pédagogie sur l’alcool et ses risques car il s’agit d’un sujet de longue haleine.
Toute l’équipe de VerbaTeam est à vos côtés pour vous aider à mettre en place les bons programmes de prévention en fonction de vos spécificités. : INRS – Dossier agression et violence externe
À propos de VerbaTeam
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Qu’est-ce que le workaholisme ?
Selon les mots de l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail (INRS), le workaholisme désigne « un investissement excessif d’un sujet dans son travail et une négligence de sa vie extraprofessionnelle ». Trois facteurs caractérisent l’addiction au travail : un besoin compulsif et incontrôlable de travailler, peu de satisfaction dans le travail, des difficultés à poser des limites. Le workaholisme est à distinguer de la passion pour un métier dans le sens où la dépendance révèle une fragilité et va rompre un équilibre psychologique et physique. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes dépendantes au travail ne sont pas plus performantes que les autres collaborateurs. Leur comportement peut même s’avérer contre-productif car ils ont beaucoup de mal à travailler en équipe et leur perfectionnisme ralentit le bon déroulement des missions.
Existe-t-il des profils plus concernés que d’autres ?
L’addiction au travail concernerait plus particulièrement les cadres et les professions intellectuelles. Les professionnels du secteur sanitaire et social sont également concernés. Ces professionnels se surinvestissent souvent dans leur travail car ils se sentent responsables des conséquences humaines et économiques des individus dont ils ont la charge. Il existe plusieurs typologies de dépendance au travail. Voici 4 profils à retenir :
- Les enthousiastes : ces salariés montrent une implication excessive dans leur travail mais avec un sentiment de satisfaction plus élevé que chez les autres salariés ;
- Les infatigables : il s’agit de salariés qui travaillent sans relâche et qui enchaînent les dossiers/missions sans interruption. Pour cette catégorie de personnes, le travail prend le dessus sur les relations familiales et sociales ;
- Les boulimiques : ce sont des personnes qui alternent des périodes de travail très intenses avec des périodes d’inertie ou de procrastination. Le mot “binge working”, que l’on peut traduire par “période de travail intensive”, est souvent associé à ce profil à l’image des personnes ayant une consommation excessive d’alcool sur des périodes très courtes ;
- Les délectés : ils ont beaucoup de mal à travailler en équipe car ils sont trop perfectionnistes et méticuleux. Leur comportement freine la progression des missions.
Des signaux peuvent donner l’alerte sur une éventuelle dépendance au travail. Les personnes dépendantes au travail sont souvent perfectionnistes, et ont beaucoup de mal à déléguer les tâches aux autres membres de l’équipe. Elles sont également souvent très rigides dans leur façon de travailler. Cette manière de se comporter peut entraîner des conflits au sein des équipes.
Comment devient-on workaholic ?
Comme pour l’ensemble des addictions, celle concernant le travail provient de facteurs personnels et professionnels. Les salariés concernés ont souvent les caractéristiques suivantes : faible estime de soi, besoin de reconnaissance sociale, perfectionnisme, hyperactivité et une grande exigence envers eux-mêmes. Ils peuvent également traverser des périodes de vie délicates et trouvent dans le travail une sorte de refuge qui peut mener à l’addiction.
Si des personnes peuvent être plus disposées que d’autres en fonction de leur personnalité ou de leur contexte de vie, l’environnement de travail est également un facteur de poids sur l’apparition de la dépendance au travail. En effet, la pression pour atteindre des objectifs, la course à la productivité, la culture de l’urgence, un trop grand recours aux heures supplémentaires, le non-respect du droit à la déconnexion et l’absence d’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle sont les principaux facteurs de risques qui peuvent conduire au workaholisme.
Quelles sont les conséquences de l’addiction au travail sur la santé ?
Les salariés dépendants au travail peuvent souffrir de multiples troubles : douleurs physiques comme des douleurs musculaires mais aussi intestinales. Au niveau de la santé mentale, ces collaborateurs peuvent souffrir d’insomnie, de dysfonctionnement social, d’anxiété et de dépression avec pour certains d’entre eux une possible évolution vers un burn out. Enfin le stress engendré par un rythme de travail très soutenu est un facteur de risques de maladies cardio-vasculaires. Le risque de développer des addictions supplémentaires comme à l’alcool ou à des stupéfiants est également élevé. Une étude réalisée en 2000 au Canada intitulée “ SHIELDS M, Les longues heures de travail et la santé”, montre une prise de poids et une hausse de la consommation de tabac et d’alcool chez les salariés travaillant au-delà des 35 heures hebdomadaires.
Les personnes dépendantes au travail ont également des répercussions sur leur entourage à commencer par leurs collègues de travail. Leur comportement peut devenir un facteur de risques psychosociaux car leur rythme de travail, leur rigidité et leur difficulté à travailler en équipe peuvent engendrer du stress au sein de leur équipe. Enfin, les familles peuvent également souffrir de la dépendance au travail d’un de leurs proches car celui-ci s’investit plus dans son travail que dans la sphère personnelle.
Quels sont les moyens de prévention et de prise en charge ?
La dépendance au travail doit être traitée par les entreprises dans le cadre des risques psychosociaux. Afin d’agir pour aider ces personnes, il convient de leur faire prendre conscience de leur addiction. En effet, bien souvent, les personnes addicts au travail sont dans le déni. Pour cela, différents tests psychométriques sont disponibles comme le WART (Work Addiction Risk Test) que la médecine du travail peut faire passer. Deux traductions françaises de ce test sont disponibles et ont été publiées dans la revue française de Santé au Travail selon l’INRS. Ce test contient 25 affirmations pour mesurer plusieurs facettes de cette addiction : le niveau de compulsivité et de contrôle, les difficultés de communication et de délégation ainsi que l’estime de soi. Ensuite, une approche pluridisciplinaire est nécessaire pour venir en aide aux salariés dépendants au travail. Parmi les acteurs qui peuvent être sollicités, la médecine du travail peut orienter les personnes vers des thérapies comportementales afin de les aider à se fixer de nouvelles limites, à respecter ses jours de congés, à déconnecter de ses appareils électroniques et à renouer avec sa vie personnelle. Le management a également un rôle à jouer pour repérer les signaux d’alerte de la dépendance au travail. Des personnes ressources formées aux risques psychosociaux peuvent également être des appuis et des relais en interne pour mieux détecter ces risques.
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Sources :
Tabac : une consommation des femmes en hausse ?
L’étude de Santé publique France sur la prévalence nationale et régionale du tabagisme en France en 2021 montre qu’après une baisse conséquente du tabagisme en France entre 2014 et 2019, la consommation s’est stabilisée en 2020. La crise de la Covid-19 qui a souvent eu pour conséquence une hausse des addictions, a-t-elle encouragé le tabagisme ? Pas chez tout le monde ! Alors que la baisse se confirme chez les hommes entre 18 et 24 ans, pour la période 2020 et 2021, passant de 35,8% à 28,7%, elle augmente chez les femmes entre 35 et 44 ans (de 20,7% à 23,0%).
Quelles sont les causes de cette augmentation ?
Cette hausse s’explique par l’inquiétude engendrée par la crise sanitaire. Afin de lutter contre le stress, beaucoup de femmes se sont mises à fumer car la cigarette est perçue à tort comme un moyen de se détendre. En effet, les femmes ont peut-être souffert encore plus de cette période. Souvent placées à la tête de famille mono-parentale (85% des familles mono-parentales ont une femme à leur tête selon l’INSEE), cette crise a augmenté leur charge mentale. Les catégories professionnelles les plus féminisées sont également celles où les conditions de travail ont été fortement dégradées, selon l’INSEE, comme le secteur sanitaire et social ou encore l’enseignement.
Par ailleurs, les femmes assurent souvent le rôle d’aidante auprès de leurs proches. Dans un communiqué, AXA Prévention révèle que plusieurs baromètres évoquent la statistique de 57 % de femmes qui assurent la fonction d’aidante. Ce chiffre déjà important est certainement sous-estimé. Ce rôle alourdit la charge mentale et le stress des femmes et devient certainement un facteur supplémentaire de tabagisme.
Femme et tabagisme : des risques spécifiques
Les femmes encourent les mêmes risques que les hommes vis-à-vis du tabac mais elles ont cependant des problématiques spécifiques auxquelles elles ne sont pas toujours sensibilisées.
Un risque cardio-vasculaire plus élevé dû à la prise d’une contraception
Le tabagisme associé à la prise d’une pilule contraceptive augmente le risque de survenue des maladies cardio-vasculaires. Selon le Comité National Contre le Tabagisme, les études scientifiques démontrent qu’à consommation égale, les femmes fumeuses ont un risque supérieur de contracter une maladie coronaire de 25%. Elles ont ainsi un risque accru de faire un accident vasculaire cérébral ou de développer une phlébite. D’après une étude d’AXA Prévention : 90% des femmes dépistées dans le cadre de l’opération Agir pour le cœur de femmes cumulent au moins 2 facteurs de risques cardio-vasculaires ou métaboliques. Ces résultats sont jugés inquiétants car ils se situent très au-dessus des moyennes nationales.
En France, selon le collectif Agir pour le cœur des femmes, 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardio-vasculaires. Ces maladies sont devenues la première cause de mortalité chez la femme dans le monde et les accidents vasculaires cérébraux sont la deuxième cause de mortalité chez la femme en France après l’infarctus de myocarde. Si les femmes se sont longtemps crues protégées des maladies cardio-vasculaires du fait de leur spécificité hormonale, cette protection n’est plus efficace dès lors qu’elles se mettent à fumer.
Une hausse de l’infertilité
Le tabagisme a un impact significatif sur la fécondité des femmes. Les femmes fumeuses ont un taux de fécondité plus bas que les femmes non fumeuses et mettent ainsi plus de temps à avoir un enfant. Elles ont également un risque plus élevé d’être ménopausées de manière précoce et de développer une ostéoporose à cette occasion.
Des risques pour le fœtus et sur les enfants
En cas de grossesse, le tabac porte atteinte à la santé de la mère et de l’enfant. Celui-ci a des effets néfastes sur le développement du fœtus et entrave le bon déroulement de la grossesse. Les femmes fumeuses ont un risque plus important d’accoucher prématurément. Selon le CHU de Toulouse, elles ont un risque multiplié par trois de faire une fausse couche et par deux de faire une grossesse extra-utérine par rapport à une femme non-fumeuse. Un fœtus exposé au tabagisme maternel est moins bien oxygéné. Il a ainsi plus de risque de devenir asthmatique à la naissance mais aussi de rencontrer des retards de développement.
Une augmentation des cancers
Le tabagisme est le premier facteur de risque de cancers. Selon l’Institut Curie, la prévalence des cancers augmente chaque année chez les femmes notamment en raison de la consommation de tabac. Les cancers les plus fréquents chez la femme sont celui du sein (33%), le cancer colorectal (11%), ainsi que le cancer du poumon (8,5%). Ce dernier est en forte augmentation chez les femmes (+ 5% par an). En effet, le tabagisme multiplie par 10 à 15 fois le risque de développer un cancer du poumon. Enfin, le lien entre le tabagisme et d’autres cancers comme celui du sein, des ovaires, de l’utérus et du côlon a été établi.
Comment agir en entreprise ?
Même s’il est interdit de fumer sur le lieu de travail, les employeurs peuvent aller plus loin pour lutter contre le tabagisme et jouer un rôle moteur dans le sevrage.
Tout d’abord, les entreprises peuvent organiser des campagnes de prévention pour faire prendre conscience des méfaits du tabac en général et sur la santé des femmes en particulier en rappelant l’impact du tabac tout au long de leur vie (grossesse, ménopause, etc.). Nous observons en effet à travers nos bilans de santé que les femmes fument plus que les hommes et que pourtant, les campagnes publiques les ciblent peu.
Les campagnes de prévention peuvent avoir pour objectif de déminer les idées reçues notamment sur la prise de poids au moment du sevrage ou encore sur la supposée protection des femmes vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires qui n’a plus lieu d’être avec le tabagisme.
Pour cela, elles peuvent s’appuyer sur des campagnes d’affichage en interne, des newsletters mais aussi des formats plus ludiques comme des quiz ou plus engageants comme des tests de monoxyde de carbone, des activités sportives ou encore un entretien avec un professionnel de santé. Ces actions peuvent prendre des formes variées, en présentiel ou encore sous format numérique.
Le stress et l’anxiété se révèlent être également des facteurs de tabagisme. Afin de les éviter, les entreprises peuvent agir sur l’organisation de travail et les pratiques managériales en priorité. Des activités relaxantes complémentaires peuvent être également proposées et un service d’écoute psychologique peut être mis en place. Afin d’alléger les femmes à la tête de familles mono-parentales, les employeurs peuvent également proposer des aides aux devoirs, à la garde d’enfants ou encore proposer des aménagements du temps de travail.
Ces actions peuvent être mises en place lors de temps forts comme le mois sans tabac qui se déroule en novembre, ou encore celui de la journée mondiale sans tabac qui a lieu le 31 mai.
L’opération mois sans tabac permet de mettre en place un défi collectif sur le lieu de travail dans l’objectif d’inciter les fumeurs à arrêter de fumer avec le soutien de leurs collègues. Participer à cet événement permet aux entreprises de montrer qu’elles prennent soin de la santé de leurs salariés, de mettre en place des actions conviviales et collectives autour de l’arrêt du tabac. En participant, les employeurs reçoivent un kit d’aide à l’arrêt et un guide pour les aider à animer leur événement en interne. Toutes les informations sont disponibles sur le site dédié à l’opération.
Afin que ces actions se révèlent être réellement efficaces, elles doivent être menées tout au long de l’année.
Les équipes de VerbaTeam peuvent vous aider à mettre en place des campagnes de prévention et des actions efficaces pour sensibiliser vos collaboratrices sur le sujet. Vous avez envie qu’elles renoncent définitivement au tabac ? Discutons ensemble de votre projet.
Qu’est-ce que l’addiction ?
Selon le site Ameli.fr : “une addiction est une dépendance à une substance psychoactive ou à un comportement, avec des conséquences néfastes sur la santé.” La dépendance se traduit par un désir compulsif de consommer une substance ou de pratiquer une activité. Elle se caractérise également par un désinvestissement des individus pour les autres activités de la vie quotidienne. La dépendance est également accompagnée d’une perte de contrôle et ceci malgré des répercussions négatives sur la santé, la vie professionnelle et personnelle.
Quelles sont ses répercussions sur le travail ?
L’addiction a des conséquences sociales majeures et notamment sur le travail comme la baisse de la motivation, le désengagement, un absentéisme à répétition et un risque de perte d’emploi. Un rapport sur les conduites addictives de la population active (Chiffres clés issus de la cohorte CONSTANCES) réalisé par Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MIDELCA) indique que :
● Les fumeurs ont un risque de perte d’emploi à un an au moins multiplié par 1,5 par rapport aux non-fumeurs, et cela, y compris pour ceux consommant moins de 10 cigarettes par jour.
● Un usage dangereux de l’alcool est associé à un risque multiplié par 1,5 de perte d’emploi à un an, et pour les sujets dépendants, ce risque est multiplié par 2.
● La consommation de cannabis, même occasionnelle (moins d’une fois par mois), est associée à un risque de perte d’emploi à un an presque multiplié par 2. Ce risque est presque multiplié par 3 lorsque la consommation est d’au moins une fois par mois.
Une augmentation des accidents de travail
Toujours selon le rapport de la MILDECA, le risque d’accidents du travail graves est multiplié par 2 dès lors qu’il existe une consommation chronique hebdomadaire excessive d’alcool. Le risque d’accidents du travail graves est augmenté de 50% pour ceux qui ont une alcoolisation ponctuelle importante au moins une fois par semaine.
L’addiction a également des répercussions graves sur la santé :
● L’alcool et de tabac augmentent la survenue de cancers ;
● La consommation de drogues entraîne des troubles neurologiques ;
● L’utilisation de seringues usagées accroît le risque d’une contamination par le VIH ;
● L’utilisation régulière de drogues est un facteur de troubles psychiques et cognitifs (troubles de l’attention, troubles de la mémoire, difficultés à résoudre des problèmes, perte de concentration) et ont un impact sur la vie professionnelle.
Quelles sont les addictions fréquentes en milieu professionnel ?
En novembre 2021, l’INRS a commandité une étude sur la prévention des pratiques addictives en entreprise auprès de l’Institut Cemka. Cette étude a été réalisée auprès de 1245 professionnels des services de santé au travail. Son objectif était d’évaluer les conduites addictives en milieu professionnel et d’identifier les solutions de prévention alors que le sujet est encore tabou en entreprise.
L’étude indique que les addictions qui sont les plus répandues dans la sphère professionnelle sont l’alcool (pour 91% des répondants), le tabac (66%), le cannabis (64%) et les médicaments psychotropes (43%).
Selon les médecins du travail, 8,6 % des salariés seraient en difficulté avec l’alcool mais ce chiffre ne connaît pas d’augmentation depuis plus de 10 ans. En revanche, en ce qui concerne le cannabis, le taux de personnes dépendantes est passé de 5% en 2009 à 7% en 2021. Les causes de ces addictions sont multiples et peuvent être issues de situations professionnelles ou personnelles.
Focus sur l’addiction numérique
Le développement du travail à distance a accentué l’utilisation personnelle et professionnelle des écrans. Un usage excessif des écrans a des impacts négatifs sur le bien-être et la santé mentale des salariés. Selon la MIDELCA, 78% des cadres consultent leurs communications professionnelles pendant les vacances et les week-ends. 8 français sur 10 sont conscients de ne pas maîtriser leurs usages d’écrans sans pour autant être en mesure de les changer (Baromètre Harris Interactive, MIDELCA 2021).
Cette hyperconnexion peut avoir des conséquences directes sur le travail comme la baisse d’efficacité, la perte de motivation, du goût du travail et des liens sociaux et aller jusqu’au burn out.
Les facteurs de risque liés au travail
Selon la MIDELCA, dans un rapport intitulé : Addictions en milieu professionnel, employeurs et employés tous concernés, les facteurs de risque liés au travail sont les suivants :
● Les risques psychosociaux, la pénibilité des conditions de travail et le stress favorisent la consommation de substances psychoactives ;
● La recherche de la performance et de la productivité, la compétition entre les collaborateurs peuvent encourager certains collaborateurs à consommer des substances pour être encore plus performants ou à tomber dans l’addiction au travail ;
● Certaines cultures d’entreprises favorisent la consommation d’alcool à travers l’organisation de soirées mais aussi de rituels d’intégration ou de socialisation entre collègues.
La période COVID un accélérateur des addictions au travail ?
Une enquête menée par Ipsos pour MILDECA et en partenariat avec l’INRS fin 2020 montre que la crise sanitaire a accentué certaines addictions. En effet, l’isolement ainsi que les conditions de travail ont favorisé certaines pratiques addictives. Pendant le confinement, 30% des personnes interrogées ont augmenté leur consommation de tabac, 30% leur usage de cigarette électronique et 20% leur consommation de médicaments psychotropes. Les facteurs qui ont entraîné cette hausse de la consommation sont l’isolement au travail (31%), les évolutions des conditions d’emploi et de travail (29%) et la charge de travail (26%).
Addiction : qui est concerné ?
Selon la MIDELCA, les 18-35 ans sont la tranche d’âge la plus concernée par la consommation d’alcool et de cannabis. Tous les métiers sont concernés par les addictions mais certains secteurs sont plus à risque comme les métiers des arts et des spectacles, ceux de l’hébergement et de la restauration, l’agriculture, le transport et la construction. L’addiction touche les hommes et les femmes. Cependant, 11% des femmes cadres ont une consommation à risque d’alcool. En effet, la prise de responsabilité dans l’entreprise augmente le risque de consommation d’alcool chez les femmes contrairement aux hommes.
Les leviers pour agir en entreprise
Briser les tabous
L’addiction en entreprise est un sujet encore largement tabou. Elle est considérée comme une problématique relevant de la vie privée et le sujet est souvent passé sous silence. Peu d’entreprises osent s’exprimer sur cette thématique malgré des incitations de la part des autorités de santé. Par conséquent, rompre ce tabou au sein des entreprises est un prérequis indispensable avant d’agir. Ensuite, la prévention des conduites addictives demande la mobilisation de tous les acteurs du milieu professionnel. Les sensibiliser en amont sur ce sujet est donc indispensable pour les engager dans une démarche de prévention.
Comprendre pour mieux cibler
Dans un premier temps, l’entreprise doit faire un état des lieux pour procéder à une analyse fine de sa situation face aux addictions. Elle a besoin de comprendre quels sont les salariés concernés dans l’entreprise, quels sont les modes d’addiction en vigueur et les situations à risque. L’entreprise disposera ainsi d’une vue d’ensemble du processus d’addiction pour ensuite réaliser des campagnes de prévention sur-mesure en fonction des besoins détectés.
Pour cela, les entreprises peuvent s’appuyer sur les acteurs traditionnels de la santé au travail comme la médecine du travail et les représentants du personnel. Elle peut également faire appel à des experts en externe.
L’évolution de la médecine du travail sur les conduites addictives
Les médecins du travail prennent mieux en compte l’addiction aujourd’hui. L’INRS indique dans son étude de 2021 que 75 % d’entre eux interrogent les salariés sur leur consommation d’alcool et retranscrivent cette information dans leur dossier médical en santé au travail contre 46 % en 2009. Pour le cannabis, ce taux est de 51 % alors qu’il n’était que de 17 % en 2009.
Faites respecter le droit à la déconnexion
Le droit à la déconnexion est une obligation légale. Selon le Ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion, les entreprises doivent mettre en place des outils pour réguler les usages numériques. Ces mesures visent à garantir le respect des temps de repos et de congés ainsi que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale. Elles doivent être élaborées en concertation avec les représentants des partenaires sociaux. L’entreprise peut rappeler les horaires de connexion et de déconnexion en cohérence avec les horaires dits de bureau, former les managers pour appliquer ce droit au sein de leurs équipes.
L’entreprise n’est pas seule face aux risques d’addiction. Nos experts peuvent vous conseiller pour vous aider à faire un diagnostic et mettre en place un programme de prévention sur-mesure. Prenez rendez-vous pour en discuter avec nous.