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Qu’est-ce que les jeunes attendent de l’entreprise aujourd’hui ?

5 min - 04/12/2023

Le dernier baromètre d’AXA montre une hausse de plus de 50% du taux d’absentéisme chez les salariés de moins de 30 ans entre 2019 et 2022. Par ailleurs, selon la DARES, six jeunes sur dix âgés de 20-22 ans éprouvent un motif d'insatisfaction vis-à-vis de leur emploi en 2022. Ces chiffres nous amènent à nous interroger sur le rapport au travail de cette population. La Génération Z comprend les personnes nées entre 1997 et 2010 et représentera 30% de la population active mondiale d’ici à 2030. Celle-ci fait l’objet de nombreuses études et de beaucoup de commentaires. Mais qu’en est-il vraiment ? Dans cet article, nous tentons de décrypter ce que cette génération attend des entreprises aujourd’hui.

Une entrée sur le marché du travail marquée par plusieurs tendances de fond 

  

Avant d’aborder les attentes de cette génération, il nous semble important de comprendre le contexte professionnel dans lequel elle évolue :   

Un marché de l’emploi sous tension : les entreprises rencontrent depuis plusieurs années des difficultés de recrutement. L’enquête BMO de Pôle emploi montre que 58% des recrutements en 2022 sont jugés difficiles par les entreprises, ce qui représente une hausse de 13% par rapport à 2021. 4,5 millions de recrutements sont prévus en 2023 selon l’observatoire Adecco Analytics. Le marché de l’emploi connaît une pénurie plus particulièrement accentuée d’un côté pour les profils très qualifiés, notamment dans le secteur des nouvelles technologies, ou au contraire des profils moins qualifiés comme dans les secteurs de la restauration, l’agriculture, le soin aux personnes, le BTP, le transport et la logistique. 

Une dégradation des parcours d’insertion sur le marché du travail autant pour les jeunes avec peu de qualifications que pour les personnes diplômées : les jeunes arrivent sur le marché du travail avec des conditions souvent dégradées. Le manque d’effectifs chronique crée une intensification du travail et des tensions encore plus grandes auprès des jeunes salariés. Les objectifs financiers trop lourds font perdre le sens à donner au travail. Les jeunes sont également souvent confrontés à une précarité de l’emploi avec des salaires trop bas pour avoir accès facilement au logement par exemple :  

  • Plus d’un jeune de moins de 25 ans sur deux en activité occupe ainsi un emploi précaire, selon les chiffres de 2019 de l’Insee, alors qu’ils étaient moins de 20% dans les années 1980.   

Une entrée dans le monde du travail souvent effectuée pendant la crise sanitaire ou post-Covid avec un mode de travail hybride. Ce contexte a entravé l’intégration des jeunes salariés dans leur entreprise, favorisé un manque d’encadrement ainsi que leur isolement avec les risques associés comme le stress, la perte d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle qui sont des terreaux propices propices à des fragilités psychologiques comme la dépression, l’anxiété… La santé mentale des jeunes salariés est donc mise à mal par ce nouvel environnement de travail.  
 
Un monde qui traverse de multiples crises : climatiques, écologiques, géopolitiques… L’environnement dans lequel évoluent les jeunes générations est marqué par un contexte environnemental et international sous tension. Le dérèglement climatique peut être à l’origine de mal-être comme l’éco-anxiété et une difficulté à se projeter à moyen et long terme.  

L’ensemble de ces problématiques complique l’entrée des moins de 30 ans sur le marché du travail et rend leurs conditions de travail plus difficiles. Ce sont des situations qui favorisent le stress, l’anxiété, les insomnies et dégradent ainsi fortement leur santé mentale. Même si la génération Z n’est pas un groupe homogène et cache des réalités socio-économiques différentes, les jeunes peuvent cependant être confrontés assez fréquemment à des situations délicates dès leur entrée sur le marché du travail. Celles-ci influencent fortement leur rapport au travail. Ainsi, de grandes tendances peuvent se dégager pour aider à comprendre ce que les jeunes générations attendent des entreprises aujourd’hui.  

  

Jeunes et travail : des pistes pour mieux les attirer et les fidéliser 

Des études comme celle réalisée par la CCI de Nantes Saint-Nazaire : “Jeunes et entreprises, la rencontre (im)possible. Ce que veulent les jeunes, ce que pensent les entreprises” permettent d’éclairer les entreprises pour comprendre les aspirations des moins de 30 ans.  

  

Des salaires transparents et équitables 

  

La rémunération reste un critère prioritaire et notamment auprès des plus jeunes salariés. La revalorisation salariale reste un levier important pour attirer les profils de la génération Z qui cherchent à augmenter leur niveau de vie. La transparence des salaires est également un point clé avec la rémunération des heures supplémentaires, et une attention particulière concernant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. 

Vers un management plus horizontal et participatif 

  

Les jeunes générations plébiscitent les entreprises qui pratiquent un management orienté vers la co-création, la co-construction et l’expérience participative. Le management n’est plus synonyme du “command and control”. Les collaborateurs de moins de 30 ans souhaitent pouvoir s’exprimer, participer aux solutions, donner leur avis mais aussi recevoir des feedbacks constructifs en retour. Ils ont besoin d’être accompagnés et d’être reconnus par leurs managers tout en étant assez autonomes sur leur mission. Le rôle du manager évolue ainsi vers celui de “manager coach” qui a à cœur de faire grandir ses équipes et de favoriser l’intelligence collective. Il sait déléguer et travailler dans la confiance. C’est également un management qui sait redonner de la cohésion d’équipe et rompre l’isolement, particulièrement dans une organisation du travail hybride.  

Selon l’étude réalisée par la CCI de Nantes Saint-Nazaire, pour les jeunes interrogés, un bon manager est une personne qui :  

  1. Reconnaît régulièrement les efforts de ses collaborateurs – 4,6/5 
  2. Écoute et partage l’information – 4,6/5 
  3. Transmet ses savoirs – 4,5/5 
  4. Exprime son intérêt et son souci pour le bien-être – 4,4/5 
  5. Explique sa stratégie – 4,3/5 
  6. Est un expert dans son domaine d’activité – 4/5 
  7. Agit en transparence – 4,3/5 
     
    * Échelle de 1 à 5 (1 : pas important – 5 : très important)  
      

Les entreprises doivent questionner et ajuster leurs pratiques managériales pour mieux répondre à ces attentes. 

Des entreprises plus engagées sur les questions sociales et environnementales 

Comme nous l’avons vu précédemment, les jeunes générations arrivent sur le marché du travail dans un contexte environnemental préoccupant. Leur entrée sur ce marché est également marquée par une évolution de la société demandeuse de plus d’inclusivité, de diversité et d’égalité notamment en entreprise. Les plus jeunes générations attendent ainsi que les entreprises se positionnent et surtout s’engagent sur ces questions. Afin de rester attractives auprès de ces profils, les entreprises doivent investir tous les champs de la RSE. L’étude réalisée par la CCI de Nantes Saint-Nazaire montre que les sujets les plus attendus par les jeunes dans ce domaine sont les suivants :  

  1. L’égalité femmes – hommes (4,3/5) 
  2. Le développement durable (4,2/5) 
  3. La diversité sociale (4/5) 
  4. Le développement des collaborateurs (3,9/5) 
     
    * Échelle de 1 à 5 (1 : pas important – 5 : très important) 

L’égalité femmes-hommes n’est pas réduite à la question des salaires même si celle-ci est fondamentale. Il s’agit également de rendre la progression des carrières dans l’entreprise plus égalitaire, de traiter les sujets de discrimination sous toutes ses formes mais aussi de lutter contre le harcèlement sexuel. 

La décarbonation de l’entreprise est également un axe majeur d’engagement. Les entreprises qui suivent cette voie doivent montrer des preuves concrètes de leurs actions avec des objectifs très clairs. Elles peuvent également rendre les salariés acteurs de ce changement en les formant aux nouveaux enjeux écologiques, en les plaçant au cœur de la réflexion d’une stratégie business plus vertueuse mais aussi en les faisant participer à des actions très concrètes au quotidien avec la mobilité douce sur le trajet domicile travail. Faire participer les salariés à ce type d’actions permet de réduire l’éco-anxiété dont ils peuvent souffrir. En effet, plus d’un Français sur deux âgé de 16 à 25 ans se dit « très » ou « extrêmement inquiet » du changement climatique selon une étude parue dans The Lancet Planetary Health en 2021. 

Les questions de diversité sociale ressortent dans le top 3 de cette étude. En effet, les jeunes générations attendent plus facilement de l’entreprise que celle-ci mette en place des actions pour lutter contre toutes formes de discrimination en entreprise (sexe, origine, orientation sexuelle, âge, classe sociale…). 

Le développement des collaborateurs devient une priorité. La transformation numérique et technologique entraîne l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles compétences. La durée de vie d’une compétence est aujourd’hui beaucoup plus courte qu’autrefois. Afin de maintenir leur employabilité, les jeunes générations savent qu’elles vont devoir se former très régulièrement pour être capables de répondre aux métiers émergents. Elles attendent ainsi de leur entreprise de leur transmettre ces compétences et de mettre l’accent sur l’apprentissage tout au long de leur parcours. 

La quête de sens 

  

Dans un monde en pleine transformation avec des défis majeurs à relever, les jeunes salariés recherchent plus de sens au travail. De quoi s’agit-il ? 

Avoir un travail qui a du sens signifie que la finalité de leur travail doit contribuer à répondre aux grands enjeux environnementaux et/ou sociétaux. Ils souhaitent que leur métier ait une utilité concrète sur la vie des personnes. Il s’agit également d’évoluer dans une entreprise cohérente entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. Cela peut signifier également exercer un métier que l’on aime. Promulguée en mai 2019, la Loi PACTE permet aux entreprises de mieux prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur stratégie. Elle introduit la notion d’entreprise à mission. Les entreprises volontaires peuvent ainsi se doter d’une raison d’être et de mieux prendre en compte les impacts sociaux, sociétaux et environnementaux de leurs activités. Les entreprises qui s’engagent dans ce chemin seront mieux positionnées pour répondre aux attentes des jeunes collaborateurs et plus attractives auprès de ce public. 

  

Un meilleur équilibre de vie 

  

Une demande de plus en plus prégnante notamment chez les jeunes générations est d’avoir un meilleur équilibre de vie. Ils souhaitent avoir plus de stabilité et de visibilité dans leur organisation de travail et les horaires. Ils sont de moins en moins attirés par les entreprises qui travaillent avec des horaires atypiques ou en coupures comme c’est souvent le cas dans l’hôtellerie et la restauration ou encore dans les métiers du soin car les changements d’horaires peuvent être imprévus. Ils souhaitent surtout avoir plus de clarté sur les plannings de travail afin de pouvoir s’organiser et ne plus être pris au dépourvu. Pour les métiers où une présence est indispensable le week-end ou le soir, les jeunes salariés souhaitent bénéficier d’une rotation plus souple et compatible avec leur vie privée. Pour les métiers où le télétravail est possible, les jeunes générations sont demandeuses de plus de flexibilité notamment à travers la possibilité de pouvoir bénéficier de jours de travail à distance. À l’entreprise et au salarié de trouver le bon équilibre entre travail à distance et en présentiel afin de préserver la cohésion d’équipe et le bien-être de chacun. Un travail mieux organisé avec des horaires qui respectent la vie privée permet de réduire le stress et l’anxiété.  

Cependant, le déploiement du travail hybride doit être encadré afin que ce mode de travail ne dégrade pas la santé mentale des salariés, ne devienne pas un facteur de risques psychosociaux (RPS) ou de troubles musculo-squelettiques (TMS). Afin de préserver la santé mentale des salariés, le télétravail doit être tout d’abord réalisé dans le respect du droit à la déconnexion pour éviter d’engendrer du stress. Les entreprises doivent également être attentives aux conditions de travail des salariés à leur domicile en leur proposant un forfait pour s’équiper si nécessaire et éviter ainsi l’apparition de TMS. Enfin, le lien social et la cohésion d’équipe doivent être maintenus avec des journées en présentiel plusieurs fois par semaine. Les jeunes générations ont souvent souffert d’isolement pendant la crise du COVID avec un impact significatif sur leur santé mentale comme le montrent régulièrement les études COVIPREV. Les managers doivent donc prendre en compte cette fragilité et être attentifs à préserver la santé mentale des jeunes collaborateurs. 

La génération Z est sous le feu des projecteurs. Cette génération plébiscite la justice sociale, la transparence et le sens et amène les entreprises à repenser le monde du travail tant sur le fond que sur la forme. Ce travail de fond sur l’ensemble des pratiques de l’entreprise permettra de favoriser l’engagement et redonner du sens à ces jeunes collaborateurs à condition que ce travail prenne en compte le bien-être et la santé des collaborateurs.    

Vous avez envie de mesurer l’impact de vos conditions de travail sur la santé des jeunes collaborateurs ? Vous souhaitez mettre en place un programme de prévention santé pour les plus jeunes salariés ? Nos experts VerbaTeam peuvent vous guider dans ce projet. 

À propos de VerbaTeam

VerbaTeam est un nouvel acteur de la prévention santé en entreprise avec pour ambition de la rendre accessible à tous les salariés. Les experts VerbaTeam accompagnent les entreprises au quotidien avec des solutions innovantes de bilans de santé et de diagnostic de l’absentéisme. Pour en savoir plus, contactez-nous.

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