Quelles sont les attentes des salariés parents aujourd’hui ?
Une prise de conscience amorcée au tournant des années 2000
Au début des années 2000, devant la difficulté d’obtenir des places en crèche, les entreprises ont commencé à se mobiliser afin de permettre à leurs collaboratrices de revenir au travail après un congé maternité dans de bonnes conditions et de limiter l’absentéisme de cette catégorie de salariés. C’est à cette époque que les premiers acteurs des crèches en entreprise sont apparus, proposant aux entreprises de mettre en place leur propre dispositif de garde ou de leur réserver des places auprès de partenaires spécialisés.
Un équilibre de vie parmi les priorités des salariés parents
Au fil du temps les besoins des parents ont évolué et là encore, la crise de la COVID-19 a joué un rôle. Les salariés ont désormais des attentes plus fortes au niveau de leur équilibre de vie et ont un besoin accru de flexibilité. Par ailleurs, les modes de garde à domicile sont désormais plus compliqués du fait du travail hybride.
Une étude de PageGroup, intitulée Talent Trends 2023, montre que 80% des personnes interrogées préfèrent leur bien-être et leur équilibre à leur carrière. Selon le Baromètre de l’Observatoire de la Qualité de Vie au travail, pour 9 actifs sur 10, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale représente un enjeu majeur. Plus de 70% d’entre eux affirment manquer de temps au quotidien pour s’épanouir professionnellement et personnellement.
Les réflexions autour de la semaine de 4 jours sont un élément de preuve supplémentaire du besoin de souplesse des collaborateurs. L’étude de PageGroup révèle que 76% des employés et 65% des dirigeants estiment que la semaine de 4 jours améliorerait le bien-être et la satisfaction des salariés.
Des pères plus impliqués
Par ailleurs, si les premières mesures visaient plus particulièrement les femmes enceintes et les jeunes mamans, les pères souhaitent désormais jouer un rôle plus important auprès de leurs enfants et être plus présents notamment lors des premiers mois de la vie. Il n’est plus rare aujourd’hui de voir des pères afficher sur les réseaux sociaux leur congé paternité pour prendre soin de leurs nouveaux-nés. Pour répondre à cette demande, la durée du congé paternité et d’accueil de l’enfant a été augmentée depuis le 1er juillet 2021. Elle est passée de 14 jours à 28 jours. L’étude d’un congé de naissance pour remplacer le congé parental actuel est en cours. Celui-ci permettrait aux parents d’être mieux rémunérés et de rester auprès de leur nouveau-né sur une période de 6 mois.
Vers une parentalité plus inclusive
D’autre part, l’aide à la petite enfance fournie par les entreprises, si elle représentait une première avancée positive en la matière, ne répondait que partiellement aux besoins des parents en général. Le soutien scolaire, l’aide aux parents d’enfants en situation de handicap, la mono-parentalité sont autant de préoccupations pour les parents qui se retrouvent parfois à devoir aider en parallèle leurs propres parents. Rappelons que 25% des familles sont monoparentales selon l’INSEE.
Par souci d’équité, les entreprises doivent désormais répondre aux attentes des parents au-delà des préoccupations liées à la petite enfance.
Quelles solutions adopter ?
Au-delà des solutions de garde en extérieur (crèche, assistantes maternelles) qui sont toujours utiles surtout lorsque les parents travaillent en mode hybride, d’autres solutions peuvent être appliquées afin d’avoir une approche plus inclusive mais aussi pour faire évoluer les stéréotypes liés à la parentalité dans la sphère professionnelle.
Changer de regard sur la parentalité
Un changement des mentalités et une nouvelle approche de la parentalité dans sa diversité sont désormais nécessaires. Pour cela, la direction doit s’emparer du sujet. Elle devra former et sensibiliser les managers sur les différentes problématiques que cette thématique recouvre. Les politiques RH doivent également être adaptées pour favoriser l’égalité des chances et ne discriminer personne en fonction de sa situation.
Une étude réalisée par l’APEC intitulée “Le retour de congé maternité des femmes cadres” montre que 71% des femmes cadres “considèrent que les entreprises ne mettent pas en place de dispositifs pour anticiper et aménager leur retour de congé maternité et que cela a des conséquences sur leur évolution professionnelle à long terme”. Mieux prendre en compte la parentalité doit amener les salariés vers plus d’égalité.
Encourager le congé paternité ou pour les seconds parents
Les entreprises ne sont pas obligées d’attendre que le gouvernement allonge ou rémunère mieux les congés paternité ou pour les seconds parents. Certaines d’entre elles ont déjà pris les devants et proposent des congés rémunérés à 100% au-delà de la durée du congé paternité en vigueur. Ce congé peut par ailleurs s’appliquer quel que soit le genre du second parent afin d’inclure les parents homosexuels.
PMA, fausses-couches, adoption : soutenir les parcours plus complexes
La parentalité ne commence pas uniquement lorsque l’enfant est né. Certaines grossesses peuvent ne pas aboutir quand d’autres projets de devenir parents mettent du temps à se concrétiser. C’est pour cette raison que les politiques de parentalité en entreprise doivent également prendre en compte les fausses couches et les salariés en parcours de PMA ou d’adoption. Certaines entreprises ont sauté le pas et proposent un congé de 3 jours aux collaboratrices ayant subi une fausse couche par exemple. D’autres encore proposent des jours de congés rémunérés pour les personnes en parcours de PMA qui doivent s’absenter pour cette raison.
Par ailleurs, les entreprises doivent préserver la confidentialité des salariés se retrouvant dans ces situations. Pour cela, elles peuvent désigner un référent au sein des services RH pour justifier leur absence sans que leurs collègues soient mis au courant.
Assouplir les règles pour les enfants malades
Chaque hiver, les épidémies frappent à la porte des salles de classe ou des crèches. La garde des enfants malades à la maison est une problématique récurrente chez les parents. Si le télétravail est une piste envisageable, des entreprises permettent aux parents de prendre 5 jours de congés supplémentaires rémunérés par an pour prendre soin d’un enfant malade.
Mieux prendre en compte la vie de famille au quotidien
De nombreuses entreprises se sont engagées à organiser les réunions de travail dans un créneau entre 9h00 et 18h00 afin de permettre aux parents de mieux assumer leurs responsabilités familiales avec des horaires plus compatibles avec les contraintes de garde ou scolaires.
Soutenir la scolarité
Certains enfants ont besoin de bénéficier d’un soutien scolaire de la petite enfance à l’adolescence. Cette aide peut représenter un avantage important notamment au sein des familles mono-parentales afin de soulager la charge mentale du parent responsable de la famille. Des entreprises peuvent proposer comme avantage social des tarifs spécifiques avec des prestataires spécialisés dans le soutien scolaire pour permettre à leurs collaborateurs d’avoir plus facilement accès à ce type de service.
Aider les parents à passer le cap de l’adolescence
L’adolescence est une période délicate et peut-être plus encore aujourd’hui. La crise sanitaire et ses confinements à répétition ont particulièrement marqué les plus jeunes générations, sans compter la crise climatique qui est également une source d’inquiétudes pour elles. Santé publique France note qu’en 2023, la santé mentale des jeunes reste dégradée. Cette dégradation concerne plus particulièrement les adolescents (11-17 ans) et les jeunes adultes (18-24 ans) :
- Les 18-24 ans étaient 20,8% à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7% en 2017
- Parmi les jeunes de 17 ans, 9,5% étaient concernés par des symptômes anxio-dépressifs sévères en 2022 contre 4,5% en 2017 et 18% ont eu des pensées suicidaires dans l’année contre 11% en 2017
L’hyperconnexion et la sédentarité sont également des causes ou des conséquences d’une mauvaise santé mentale chez les jeunes. Une étude de l’ANSES montre que chez les adolescents entre 11 et 17 ans : 49% présentent un risque sanitaire très élevé avec plus de 4h30 de temps d’écran par jour et/ou moins de 20 minutes d’activité physique quotidienne.
Afin d’aider les parents d’adolescent, des ateliers pédagogiques peuvent être proposés pour les aider par exemple à mieux gérer et contrôler le temps d’écran et les risques associés ou encore détecter les signaux d’anxiété ou de dépression.
Parents plus vulnérables : des solutions adaptées à chaque situation
Les aidants familiaux
Près d’1 Français sur 5 assume aujourd’hui le rôle d’aidant. Demain, 25% de la population pourrait être concernée, dont une majorité d’actifs. Bien souvent, les aidants familiaux ont du mal à se reconnaître comme tels et ne connaissent pas tous les droits et aides auxquels ils peuvent prétendre. Pour rappel, les aidants familiaux sont des personnes donnant régulièrement de leur temps pour soutenir un proche âgé ou un enfant malade, en perte d’autonomie ou en situation de handicap. L’entreprise peut les aider à avoir une vue complète de ces informations et les accompagner dans leurs démarches notamment en les mettant en lien avec des experts ou des assistants sociaux. D’autre part, l’entreprise peut donner plus de temps à ces personnes en leur permettant d’avoir des horaires plus flexibles, créer des communautés d’entraide et les accompagner dans leur offrir une prévention santé sur mesure pour répondre à leurs besoins spécifiques.
Les familles mono-parentales
Les familles mono-parentales font également partie de ce public. Ces parents cumulent journées de travail et responsabilités familiales comme la gestion des devoirs, des activités extra-scolaires, les rendez-vous médicaux… Ils sont plus sujets aux problématiques financières. Les entreprises peuvent également agir vis-à-vis de ces publics notamment en :
- Aménageant le temps de travail ;
- Respectant le droit à la déconnexion ;
- Facilitant l’aide aux devoirs et la garde des enfants ;
- Apportant un soutien financier ou en les aidant dans leurs démarches administratives.
Soutenir la parentalité : des bénéfices pour l’entreprise
L’entreprise a tout à gagner à mieux accompagner les parents salariés. Mettre en place des dispositifs qui s’adressent à tous les parents représente des avantages sociaux qui vont attirer les candidats et fidéliser les collaborateurs. Les entreprises qui sauront s’emparer de ce sujet sortiront leur épingle du jeu car elles amélioreront leur marque employeur. Dans un contexte où les entreprises ont du mal à recruter et souhaitent mieux fidéliser et engager les salariés, porter une attention particulière à la parentalité est un levier indispensable. Ces avantages permettront de réduire l’absentéisme et d’améliorer le bien-être au travail. Les salariés seront plus motivés et plus engagés dans leur entreprise. Ils seront moins stressés car plus sereins sur des éléments importants du quotidien des parents (mode de garde, enfant malade, aide aux devoirs…) et de ce fait plus productifs au travail.
Les entreprises doivent poursuivre leur réflexion sur la parentalité qu’elles ont entamée il y a plusieurs années pour prendre en compte des problématiques plus larges et améliorer ainsi en continu le bien-être des collaborateurs. Ces actions peuvent être réalisées au sein de votre politique de marque employeur ou de RSE car elles participent à plus d’égalité entre les femmes et les hommes ainsi qu’à une meilleure inclusivité.