Carrière, travail : la réalité vécue par les salariés de plus de 50 ans et leurs attentes

De nombreux clichés entourent les plus de 50 ans

De nombreux clichés entourent le travail des salariés de plus de 50 ans. Parmi ceux qui sont les plus répandus, nous pouvons lister les suivants : les seniors sont plus réticents aux changements et ne savent pas s’adapter aux nouvelles technologies, ils sont plus facilement désabusés par leur travail, ils sont moins motivés dans leur mission au quotidien, ils sont trop chers… Mais qu’en est-il réellement ? Est-ce que la grille de lecture générationnelle est toujours pertinente pour cerner les attentes des salariés ?

Un sentiment de discrimination répandu chez les salariés de plus de 50 ans

Un sentiment perçu dès le recrutement

Face à leurs difficultés de recrutement, les entreprises doivent élargir leur vivier de candidats traditionnel. Le recrutement des plus de 50 ans fait partie des solutions intéressantes pour les entreprises. Certaines d’entre elles l’ont déjà compris et font appel à ces profils de candidats pour combler les besoins. Pourtant, une étude réalisée en 2022 par Michael Page sur le lien intergénérationnel montre le sentiment de discrimination dont les candidats de plus de 50 ans se sentent victimes notamment au cours des processus de recrutement :

Des salariés plus stigmatisés dans l’entreprise

Au sein des entreprises, les salariés de plus de 50 ans se sentent également discriminés du fait de leur âge. Une étude du Club Landoy sur la situation des 50 ans et plus en entreprise publiée en 2022 fait également le constat de la discrimination dont ces salariés font l’objet. En effet, 63% des personnes interrogées sont d’accord avec le fait que les seniors sont davantage confrontés à des attitudes ou des décisions discriminantes du fait de leur âge, comparés aux plus jeunes. Ce sentiment de discrimination se traduit particulièrement par l’absence d’augmentation (47%) et de promotion (41%).

Des relations intergénérationnelles parfois compliquées

L’étude du Club Landoy montre également que les relations entre les générations ne sont pas toujours faciles en entreprise. 61% des personnes interrogées rapportent qu’il y aurait de plus en plus de clivages générationnels entre les salariés sur le lieu de travail. Si le lien entre les générations est un enjeu pour 6 entreprises sur 10, seules 1 tiers des entreprises interrogées ont mis en place des actions pour faciliter le lien intergénérationnel. Ces entreprises mettent en général les actions suivantes en place : tutorat et transmission de compétences (67%), programmes de mentorat (47%) et mécénat de compétences (14%).

Les plus de 50 ans : une génération au carrefour des autres

Ces relations intergénérationnelles souvent difficiles en entreprise sont assez paradoxales car les plus de 50 ans font la plupart du temps office de passerelles entre les générations dans la vie quotidienne. Rebaptisée “génération sandwich”, ils cumulent souvent le rôle de parents, de grands-parents et d’aidants familiaux. Ils sont de fait fortement engagés auprès de plusieurs générations dont ils sont le soutien principal. Ils ont à ce titre une charge mentale importante qui peut avoir un impact sur leur santé.

Par ailleurs, ils ont également un rôle économique majeur. Bénéficiant la plupart du temps de meilleurs revenus et d’un pouvoir d’achat plus conséquent, ils soutiennent financièrement leurs enfants et participent à la croissance économique de certains secteurs d’activité. Les plus de 50 ans ont ainsi un rôle clé dans la société et une utilité sociale forte.

Des salariés qui se sentent utiles en entreprise

Une étude de l’IFOP réalisée en partenariat avec Frelances.com sur le rapport des salariés seniors au travail vient bousculer les clichés et nous éclairer sur leurs attentes. Selon les résultats de cette étude, 86% d’entre eux ont le sentiment d’effectuer un travail utile et se sentent bien intégrés dans leur entreprise. Une étude d’A compétences égales montre que les candidats seniors savent faire preuve de flexibilité. Pour obtenir un poste, ils seraient prêts à changer de fonction à 76% et à revoir leur rémunération à la baisse à 24%. Selon une étude réalisée par l’IFOP avec le Club Landoy sur la situation professionnelle et les attentes des actifs de 50 ans et plus : 88% des personnes interrogées pensent que leur expérience et leurs compétences sont des atouts pour les entreprises. Enfin, pour envisager leur fin de carrière, la prudence est souvent de mise. 85% d’entre eux envisagent de rester dans leur entreprise pour terminer leur carrière.

Des frustrations qui pénalisent leur carrière

Selon une étude réalisée par l’IFOP avec le Club Landoy sur la situation professionnelle et les attentes des actifs de 50 ans et plus, moins d’1 senior sur 2 déclare que leur entreprise leur donne les moyens de réfléchir à leur évolution. Le manque de reconnaissance au travail est un sentiment récurrent au sein de cette population. En effet, seulement 46% d’entre eux considèrent ainsi que leur travail est reconnu à sa juste valeur, contre 52% de l’ensemble des salariés en France selon l’étude de l’IFOP et du site Freelances.com.

Une retraite active sous certaines conditions

Concernant la retraite, selon l’enquête de l’IFOP, 58% d’entre eux souhaitent rester actifs professionnellement pendant cette périodesous certaines conditions. Cette activité viendrait tout d’abord compléter les revenus de leur retraite. Elle pourrait s’exercer idéalement dans un cadre plus souple avec des horaires aménagés ou à temps partiel par exemple. L’étude montre que 37% des seniors seraient séduits par le statut de freelance.

Quelles solutions mettre en place pour maintenir l’emploi des seniors et changer le regard sur eux ?

La catégorie “senior” a-t-elle vraiment un sens ?

Nous avons tendance à appréhender les personnes sous le prisme de leur génération et à leur appliquer toutes les généralités liées à celle-ci. Cependant, si la période d’entrée sur le marché du travail peut façonner son approche de celui-ci, cela ne veut pas dire que toutes les personnes appartenant à la même génération ont les mêmes envies. La grille de lecture générationnelle peut être trompeuse. Les salariés de plus de 50 ans peuvent avoir des aspirations très différentes : ceux qui souhaitent poursuivre leur carrière le plus longtemps possible, ceux qui envisagent de faire une pause, ceux qui souhaitent se reconvertir… Nous attribuons souvent aux générations Y et Z le besoin de rechercher plus de sens au travail et d’être en accord avec les valeurs de l’entreprise. Cependant, le phénomène de grande démission observé aux Etats-Unis a touché toutes les tranches d’âge. La société bouge ! Les idées et les comportements circulent d’une génération à une autre.

Chez les plus de 50 ans, une nouvelle tendance voit le jour, celle des “Never Old” ou “Nold”. Ils ont entre 45 et 65 ans et ne se reconnaissent pas dans les standards générationnels généralement admis, selon un sondage Toluna Harris Interactive réalisé en mai 2023. Pour eux, l’âge ne veut rien dire, c’est l’état d’esprit qui compte.

Par ailleurs, le concept de senior est assez subjectif et mérite d’être challengé. Ne sommes-nous pas tous le “senior” de quelqu’un d’autre dès lors que nous appartenons à une génération plus âgée que la personne que nous avons en face de nous ?

Des actions pour changer la perception des salariés de plus de 50 ans

Valoriser l’expérience

Exit l’appellation “senior”, des entreprises préfèrent valoriser l’expérience de leurs salariés et parlent plutôt de salariés expérimentés. C’est beaucoup plus valorisant et également reconnaissant vis-à-vis de leur expertise accumulée tout au long de leur carrière. Cette expérience peut également être mise en valeur en mettant en place une offre de mentorat des plus jeunes. Ainsi, les salariés expérimentés peuvent partager leur expérience et faire bénéficier les autres collaborateurs de leur maturité. C’est un rôle très valorisant dans l’entreprise. Mais cela marche dans l’autre sens aussi car les plus jeunes peuvent avoir des compétences précieuses à transmettre aux plus âgés. Afin de mieux brasser les générations et de lever les clichés que les uns ont vis-à-vis des autres, le rôle de mentor peut être attribué à une personne plus jeune vers une personne plus âgée. BNP Paribas l’a mis en place à travers son programme de mentoring intergénérationnel intitulé “WeGenerations” pour faciliter les échanges entre les jeunes et les seniors avec des initiatives de partage des connaissances, conférences, mentoring et reverse mentoring pour montrer toute la richesse d’apprendre d’une génération différente de la sienne.

Lutter contre les stéréotypes et les discriminations

Afin de changer le regard sur les salariés de plus de 50 ans en entreprise, les entreprises peuvent mener tout d’abord des enquêtes internes pour comprendre la manière dont ces salariés sont perçus par les autres et leur ressenti au quotidien. En vous basant sur ces résultats, et pour faire évoluer les mentalités, vous pouvez mettre en place une campagne pour sensibiliser les équipes sur ce sujet. Cela peut être l’occasion de déminer les idées reçues et/ou de rappeler les principes d’un comportement plus inclusif. AXA a pris les devants avec son programme : “L’audace n’a pas d’âge !”. Près de 40% des collaborateurs de l’entreprise sont âgés de 50 ans et plus. Ce programme a pour objectif de les accompagner pour développer leur employabilité et casser les clichés sur l’âge à travers une campagne de communication interne et des podcasts qui donnent la parole à des personnalités qui osent se réinventer autour de la cinquantaine.

Des dispositifs de maintien dans l’emploi

Aménager le temps de travail

Afin de donner plus de souplesse à ces salariés, la mise en place d’un temps partiel peut être envisagé. Certaines entreprises ont sauté le pas et proposent à leurs salariés de plus de 50 ans des aménagements spécifiques notamment autour des horaires de travail. D’autres entreprises mettent en place des comptes épargne temps afin de diminuer le temps de travail tout en maintenant le même niveau de salaire et les cotisations sociales à taux plein.

Proposer une reconversion professionnelle

Pour les salariés qui sont exposés à des métiers pénibles ou comportant des risques conséquents, une reconversion professionnelle peut également être proposée aux salariés de plus de 50 ans qui en font la demande. Ce dispositif accompagne les salariés sur plusieurs années pour mettre en place un nouveau projet professionnel qui leur correspond mieux.

Formation continue pour éviter l’obsolescence des compétences

Les transformations technologiques et numériques sont telles que les compétences deviennent rapidement obsolètes. Les collaborateurs doivent faire preuve de plus en plus d’adaptabilité dans un monde en forte mutation. Les salariés plus âgés peuvent ressentir cette obsolescence encore plus fortement que les autres et se sentir également plus vulnérables pour y faire face. Se former à tout âge devient une nécessité absolue. Afin de leur permettre d’adapter leurs compétences aux besoins du marché, les entreprises peuvent leur permettre d’avoir accès à des formations spécifiques pour développer des compétences dont ils ont besoin. Les entreprises ont tout à gagner à former les personnes de plus de 50 ans. Si les plus jeunes collaborateurs envisagent moins de faire carrière toute leur vie dans la même entreprise, les plus de 50 ans peuvent avoir envie de continuer à progresser et prennent souvent moins le risque de partir !

Des dispositifs de santé

Comme nous l’avons vu précédemment, les salariés de plus de 50 ans sont souvent très sollicités en dehors de leur travail en soutenant leurs proches, que ce soit leurs enfants, leurs parents ou leurs petits-enfants. Ce rôle en plus de leur travail peut avoir un impact significatif sur leur santé. Par ailleurs, à partir de 50 ans, les hommes et les femmes sont confrontés à une augmentation des risques de santé et à des périodes de transition hormonale (cancers, maladies cardio-vasculaires ménopause…). Un programme de santé adapté peut les aider à faire le point sur leur état et à anticiper les risques. En plus des visites de santé obligatoires, les bilans de santé plus réguliers offrent un moyen concret de faire de la prévention et d’inciter, entre autres, à des dépistages.

 

Soutenir l’emploi des seniors est une nécessité pour les entreprises. Elles peuvent ainsi capitaliser sur leur expérience et faire face à la pénurie de talents soit en les recrutant soit en faisant évoluer leurs compétences en interne. Il est temps de faire travailler ces différentes générations ensemble et de montrer toute la richesse de leur diversité. Afin de mieux inclure ces salariés, les entreprises doivent faire tomber les clichés qui les entourent, faciliter les relations intergénérationnelles et mettre en place des dispositifs qui leur permettent d’accompagner leur carrière dans les meilleures conditions possibles jusqu’à l’âge de la retraite.

Un contexte favorable à une meilleure inclusion des seniors au travail

Selon une étude de la DARES publiée en janvier 2023, le taux d’emploi des seniors est en progression, mais il baisse dès l’âge de 60 ans. Ainsi, en 2021, : 

  1. 56 % des 55-64 ans étaient en emploi – un taux parmi les plus faibles de l’Union Européenne – contre 81,8 % des 25-49 ans 
  2. Lorsque l’on regarde les chiffres de plus près, il apparaît aussi que les femmes sont 54,3 % à être en emploi après 55 ans, contre 57,7% chez les hommes  
  3. Pour autant, le taux d’emploi des seniors a augmenté de 7,7 points entre 2014 et 2021

Les réalités d’aujourd’hui montrent que l’allongement de l’espérance de vie et la diminution de la natalité en France contribuent mécaniquement à l’augmentation de la population des seniors. Devant toutes ces évidences, la place des actifs seniors au travail doit être repensée. Et cela nécessite d’agir sur différents leviers. 

Pourquoi est-il difficile de maintenir les seniors dans l’emploi ? 

Les seniors et les entreprises sont confrontés à de nombreux obstacles lorsqu’il s’agit de maintenir les premiers dans l’emploi. En France, ce contexte s’explique depuis longtemps par de nombreux a priori sur les capacités des plus âgés à être suffisamment alertes, notamment pour rester performants. 

Dans certaines grandes entreprises, et a fortiori dans les start-up, ils sont considérés comme en retard sur les nouvelles technologies, voire difficilement adaptés aux changements. C’est ce qu’a récemment rappelé le quotidien économique Les Echos en montrant combien les plus de 50 ans sont les grands oubliés des jeunes pousses de la Tech.  

Mais les choses commencent doucement à changer et le terme inclusivité concerne aussi les seniors. L’article cite par exemple le fondateur d’une start-up qui a embauché 3 personnes de plus de 50 ans : « Elles sont enclines à apprendre, là où certains jeunes profils peuvent parfois camper sur leurs positions ». Les jeunes pousses qui grandissent ont en effet besoin de personnes expérimentées pour les aider à se développer. La greffe n’est pas toujours simple, et le budget pas toujours disponible en fonction des périodes, mais cela doit évoluer. 

De plus, les stéréotypes associés à leur groupe d’âge ont encore la vie dure. Pour certains employeurs, les seniors sont souvent considérés comme étant moins productifs, moins flexibles et plus sujets aux maladies et aux accidents. Néanmoins, l’absentéisme des seniors est une réalité qu’il ne faut masquer. En 2021, les 55-60 ans ont le taux le plus élevé, à 6,2 % selon le Baromètre absentéisme et prévention – AXA France (juin 2022), contre 5,3 % en 2019, l’année de référence avant le Covid-19. 

En conséquence, les employeurs peuvent être réticents à les embaucher ou à les conserver dans leur entreprise. 

La santé des seniors pour le maintien dans l’emploi, un réel enjeu 

Si certains préjugés existent, la réalité nous rattrape sur la santé des seniors actifs. Car le vieillissement entraîne, plus ou moins fortement, des problématiques sur la forme physique : la fatigue, des douleurs et des maladies chroniques, qui peuvent rendre leur travail plus difficile.  

Les séniors sont aussi concernés, beaucoup plus que les générations précédentes, par l’enjeu de l’aidance auprès de leurs parents. Au sens large, 11 millions de Français s’occupent d’un proche malade, âgé ou handicapé et près de la moitié d’entre eux assument ce rôle en plus de leur emploi. D’ici 2030, 1 actif sur 4 sera aidant. Cette génération est par ailleurs appelée « la génération sandwich » sachant qu’elle doit à la fois accompagner ses enfants qui font des études, et aider ses parents.  

En parallèle, de nombreuses études ont montré que les accidents du travail sont moins nombreux chez les seniors, mais qu’ils entraînent des conséquences plus lourdes. De même, la durée d’arrêt de travail est 3 fois plus importante que chez les jeunes (Source : INRS). 

Face à ces enjeux, les entreprises ont une marge de manœuvre importante en favorisant la prévention santé de leurs salariés seniors.  

À cet égard, le maintien dans l’emploi est justement un facteur de bonne santé. Une étude américaine HRS et une autre, européenne SHARE, ont par exemple démontré que le travail évite l’isolement social des seniors, tout comme il favorise le fonctionnement cognitif. Soit autant de moyens de rester en forme plus longtemps. 

Les solutions pour maintenir les seniors dans l’emploi 

Plusieurs solutions peuvent aujourd’hui aider les entreprises à maintenir les seniors en emploi : 

Le développement des compétences  

Pour maintenir les seniors en emploi, il est d’abord important de les former en continu sur les nouvelles approches opérationnelles. Ce type de perfectionnement dédié les aide par exemple à se familiariser avec les nouvelles technologies et les nouveaux outils de travail. Ce sont autant de moyens d’améliorer leurs compétences, tout en restant impliqués dans le développement de l’entreprise. 

Une mise en avant de leurs compétences 

Une véritable politique de gestion de l’âge ne doit plus être taboue pour encourager les seniors à rester le plus longtemps possible dans l’entreprise. Cela peut notamment passer par une meilleure considération pour leur expérience et leurs propres compétences. Sur certains aspects, ce sont eux les mieux placés pour former les nouvelles générations, sans pour autant les placer dans le seul rôle de mentor qui peut être réducteur et qui ne leur convient pas toujours. 

Une adaptation des postes 

Sur le plan des conditions de travail, des adaptations de poste et de lieu de travail sont susceptibles d’aider les seniors à travailler dans des conditions optimales. Cela peut inclure : 

  1. Un changement de poste, là encore dans la formation ou l’encadrement 
  2. Des aménagements ergonomiques, quels que soient le domaine et quotidien du poste 
  3. Des horaires de travail flexibles ou aménagés

L’anticipation par des bilans de santé réguliers 

L’étiquette « senior » n’arrive pas du jour au lendemain, d’où l’importance pour les entreprises d’anticiper l’avenir de leurs collaborateurs. Pour cela, l’enjeu de la santé est incontournable pour les maintenir dans l’emploi.  

Outre les visites de santé obligatoires, les bilans de santé plus réguliers offrent un moyen concret de faire de la prévention et d’inciter, entre autres, à des dépistages. Car avec l’âge et les parcours personnels, des problématiques surviennent plus fréquemment. C’est le cas notamment des troubles musculosquelettiques (TMS), des maladies cardiaques, mais aussi de la ménopause et des problématiques associées chez les femmes. Soit autant d’enjeux qui nécessitent de mettre en place des actions de prévention et de suivi concrètes.  

Par ailleurs, considéré comme un avantage social à part entière, le bilan de santé est aussi un réel marqueur différenciant pour une entreprise. Elle montre ainsi qu’elle prend soin de ses salariés, quel que soit leur âge. 

Pour en savoir plus sur les moyens de prendre en compte la santé de vos salariés sur le long terme, les experts VerbaTeam vous accompagnent. 

Santé des salariés et entreprise : quels sont les changements observés ?

 

Des salariés avec de nouvelles priorités de vie…

La crise de la COVID-19 a bousculé le monde du travail et a changé les priorités des salariés. Désormais, ces derniers recherchent un meilleur équilibre de vie, plus de flexibilité notamment grâce au télétravail mais aussi plus de sens dans leur vie professionnelle. Les salariés attendent un environnement de travail qui favorise la qualité de vie, le bien-être et la prise en compte de leur vie personnelle.

 

…mais aussi de nouveaux risques de santé

Du côté de la santé, il existe une véritable fragilité post-COVID. En effet, la crise a accru certains risques liés à la dégradation de la santé mentale, à la sédentarité, aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers et aux addictions.

Le baromètre sur l’absentéisme d’AXA, publié en juin 2022, montre que les dépressions et les burn out représentent les risques psychologiques et psychiatriques les plus élevés et touchent plus particulièrement la population des 30-50 ans (36 %). 63 % des RH estiment la santé mentale comme un sujet prioritaire dans leur entreprise (étude quantitative menée par AXA auprès de décideurs RH en mai-juin 2021).

La crise de la COVID-19 a accéléré la sédentarité des salariés. Les confinements à répétition, la fermeture des salles de sport, la généralisation du télétravail ont accentué un mode de vie déjà trop sédentaire. Depuis la fin des restrictions, cette sédentarité perdure notamment avec la banalisation du télétravail plusieurs fois par semaine. Selon l’Anses, 95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis. Aujourd’hui, seuls 5% des adultes ont une activité physique suffisante pour être protectrice. En France, plus d’un tiers des adultes cumulent un niveau de sédentarité élevé et une activité physique insuffisante.

 

Emploi des seniors et accompagnement des aidants et maladies graves : les sujets majeurs à venir

De nouveaux enjeux sont également à prendre en compte : le maintien dans l’emploi des seniors, les aidants et les maladies graves.

Si jusque dans les années 90, le départ à la retraite des seniors par anticipation était favorisé pour laisser la place aux jeunes actifs, la tendance s’est inversée ces dernières années. Face au coût de financement des retraites et à l’allongement de la durée de la vie, les seniors vont devoir rester plus longtemps dans l’entreprise. Aujourd’hui, 56,1 % des 55-64 ans sont en emploi en France selon la DARES. Ce chiffre enregistre une hausse continue depuis 20 ans. Or, l’absentéisme touche plus fortement la population des seniors. Leur maintien dans l’emploi en bonne santé est donc un sujet central dans les années qui viennent.

Concernant les aidants, on estime qu’entre 8 et 11 millions de personnes soutiennent quotidiennement une personne en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Les aidants peuvent souffrir à leur tour d’épuisement et ont du mal à concilier leur vie personnelle avec leur vie professionnelle. Les entreprises doivent prendre en compte ce phénomène qui va s’accentuer dans les années à venir notamment en aménageant les temps de travail.

Enfin, l’évolution des modes de vie entraîne de plus en plus de maladies graves chez les personnes en âge de travailler. Ces affections longue durée sont un facteur croissant à prendre en compte dans la santé des salariés. 25 % de la population active serait touchée par une maladie chronique d’ici 2030 (Les maladies chroniques, avis du conseil économique, social et environnemental présenté par Michel Chassang et Anne Gautier, juin 2019).

 

Prévention santé : un levier d’attractivité pour les entreprises ?

Les entreprises évoluent sur le sujet de la prévention santé car elles ont conscience de la montée des risques humains mais aussi de la demande croissante des salariés et des candidats d’une meilleure qualité de vie en entreprise.

 

Un levier de marque employeur

Actuellement, les tensions sur le marché de l’emploi sont importantes. Les entreprises ont du mal à recruter et les pénuries de main d’œuvre touchent de nombreux secteurs. Selon l’enquête annuelle de la Banque de France, 58 % des chefs d’entreprise sont confrontés à des difficultés de recrutement. Pôle Emploi a identifié 23 métiers particulièrement en tension avec parmi eux les métiers de la métallurgie, de la construction, des transports, de l’éducation et le secteur sanitaire. Désormais, ces secteurs pénuriques doivent rechercher des leviers d’attractivité pour pouvoir recruter. Travailler sa marque employeur devient un véritable enjeu pour attirer des candidatures. Favoriser le bien-être des salariés, mettre des actions en place pour prévenir les risques et s’engager clairement pour une meilleure qualité de vie au travail sont des arguments de poids pour fidéliser les employés et permettent de sortir du lot lors des entretiens de recrutement.

Une attente forte des salariés

Depuis la crise de la COVID-19, les salariés attendent de plus en plus que les entreprises prennent soin de leur bien-être et de leur santé physique comme mentale. C’est ce que montre une étude de JLL immobilier reprise par Pôle emploi : ”46 % des salariés souhaitent que leur entreprise veille à leur santé physique et mentale.” Les entreprises doivent aller bien au-delà de l’installation d’un baby-foot et prendre le sujet à bras-le-corps ! Les entreprises qui auront du succès seront celles qui sauront prendre soin du bien-être de leurs salariés.

L’entreprise : un territoire de prévention santé légitime

Les pouvoirs publics sont plus que jamais favorables à la mise en place de politique santé dans chaque entreprise. La loi santé du 31 mars 2022 renforce le périmètre d’action des services de santé au travail :

• Renforcer la prévention et la santé du collaborateur au sein de l’entreprise

• Lutter contre la désinsertion professionnelle des collaborateurs

• Prévenir les risques santé qui peuvent apparaître au sein d’une organisation

• Améliorer le suivi médical des salariés en renforçant le rôle de la médecine au travail

Un autre dispositif témoigne de la volonté d’impliquer de plus en plus les entreprises dans la prévention santé. En passant de la QVT à la QVCT, les pouvoirs publics souhaitent également favoriser un travail de fond pour améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des salariés en agissant sur l’ensemble des facettes de l’entreprise (organisation, fonctionnement, cadrage, etc.).

 

Quelles sont les solutions efficaces ?

Choisir le bon dispositif de prévention

Plusieurs types de dispositifs existent avec des coûts et des modalités différents en fonction des publics ciblés. Au-delà des traditionnels « check-up » destinés aux cadres dirigeants, des actions de prévention ciblées et accessibles ont vu le jour afin de démocratiser les bilans de santé dans les entreprises. À vous de choisir la bonne formule en fonction de vos besoins.

S’appuyer sur des données fiables pour prendre les bonnes décisions pour la santé de ses salariés

Désormais des dispositifs permettent de récupérer des données anonymisées issues de baromètres qui permettent de mieux comprendre le contexte. Les entreprises peuvent donc s’appuyer sur des chiffres précis pour analyser les facteurs de risque présents dans leur organisation. Ces données permettent aux entreprises de piloter plus efficacement leur programme de prévention santé. Elles peuvent ainsi mieux prioriser leurs actions, doser leurs efforts et obtenir des résultats plus performants.

Ces indicateurs doivent être suivis dans le temps pour mesurer l’impact des programmes de prévention sur le long terme. Il existe deux catégories d’indicateurs :

● Ceux qui prennent en compte le risque déjà avéré dans l’entreprise (les accidents du travail, le taux d’absentéisme…) ;

● Ceux qui essaient en amont de prendre le pouls de l’entreprise, faire un état des lieux du bien-être des salariés et d’anticiper les risques possibles.

Bien communiquer : la clé de la réussite !

Certaines entreprises peuvent disposer de programmes de prévention santé ambitieux sans que personne ne le sache ! Afin de ne pas être confronté à ce type de situation, voici les prérequis indispensables pour réussir le déploiement de vos actions en interne :

  1. Tout d’abord, la direction doit parrainer le programme et le porter en interne. Le management doit être totalement engagé dans cette démarche avec une stratégie dédiée pour faire adhérer les équipes à ce service qui leur est proposé.
  2. Bien communiquer sur ces sujets est essentiel. Souvent, l’entreprise a tendance à être trop discrète ou au contraire à noyer les salariés sous trop de messages qui finissent par brouiller l’information. Réfléchissez en amont aux grands objectifs de votre programme de prévention et donnez de la cohérence et un sens général à votre démarche. Ensuite, identifiez bien les publics pour chaque action proposée. Élaborez des messages sur-mesure afin que chacun se reconnaisse et perçoive les bénéfices en lien avec sa situation. Prenez bien en compte les problématiques de chaque public. Les femmes ont une perception de la santé qui leur est propre par exemple. Si elles ont tendance à plus s’occuper de la santé de leurs proches, elles sont plus enclines à négliger la leur. En matière de soins, 35 % des femmes ont l’impression de subir des clichés ou stéréotypes liés à leur sexe comme le révèle une étude menée par AXA Prévention en 2020. Cette démarche demande une réflexion profonde et une communication tout en finesse notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer des sujets cachés. Par exemple, les aidants est une population qui ne se reconnaît pas sous cette appellation. Il faut donc trouver d’autres astuces pour les cibler. D’autres sujets sont cachés ou tabous mais pour autant présents dans les entreprises. C’est le cas pour les troubles psychologiques ou encore les situations nécessitant un recours à une assistante sociale. Là encore, la communication doit être adaptée afin que ces publics se saisissent de l’aide proposée en toute confiance et en toute confidentialité.